Les échos perdus [ft Isao, Lauren & Magnus] - Event

J’ouvris la porte. Il faisait noir. Rien de particulier à part l’ombre… L’ombre qui semblait se rassembler, grouiller, brouiller ma vision… Et soudain, surgir, jaillir, se précipiter sur moi sans que je puisse même reculer !

Je pus seulement faire un petit « gasp » avant que la chose ne soit sur moi et me percute violemment. Le choc me coupa le souffle ; le suivant, derrière, m’assomma à moitié et une douleur aigue envoya des pulsations dans tout mon crâne. Tout devint noir ; j’entendais vaguement la voix de Magnus résonner, déformée ; je luttais contre les ténèbres. Le bip bip fou du Digivice me perçait les tympans.

J’avais mal. Grimaçant, je passais ma main sur mon crâne pour voir si je ne saignais pas, mais à part la brûlure d’une future grosse bosse, mes cheveux étaient secs. Le cadeau d’Eru s’agitait près de moi, affolé. Je gémis, les idées peu claires, confus et peinant encore à reprendre ma respiration après le choc. Avec mon petit gabarit je n’avais jamais été endurant à la bagarre. C’était décidément un endroit trop dangereux pour moi…

Il y eut des éclairs, du bruit. Je cillais, protégeant mes yeux de la lumière par chance, et je tentais, la panique remontant avec ma conscience, de me redresser en prenant appui sur le mur. Ca tourna un peu, et puis le monde retrouva son assise. La situation devant mes yeux semblait mal engagée. Magnus portait son Digimon qui paraissait blessé ; il tentait de calmer la chose qui m’avait attaquée : une sorte de masse d’ombres mouvantes dont la forme et la taille correspondait vaguement à celle sur mon écran, mais guère davantage. Coronamon ? Plutôt son double maléfique oui… J’avais déjà trouvé les Digimons effrayants, mais ce truc…
Ce truc, ça ressemblait juste à un fantôme. Dans un hôtel abandonné. Dans un autre monde.
C’était trop pour moi. Je voulais juste me barrer.

Je n’étais pas fait pour ça. Je n’étais pas un héros. Juste un gosse qui voulait survivre. Et Pokemon, c’est marrant sur console, par dans la vraie vie. Je posais mes mains sur ma bouche, tentant de retenir mes nerfs de craquer. J’avais une peluche de noiraude pour me seconder, la bestiole de Magnus n’avait pas du tout l’air de taille (vu le coup que j’avais pris, on allait morfler si ça s’en prenait à nous encore et à nos compagnons format minipouce), et Lauren était toujours perdue quelque part dans le sous-sol. Les larmes commencèrent à ruisseler de mes yeux. Je ne savais pas me battre, je n’avais jamais su. Je ne pouvais rien faire. J’étais impuissant, inutile.

Une putain de victime. (S’ils se moquent toujours de toi, s’ils te montrent du doigt) Répétant encore et encore sa faiblesse. Endurer. Attendre qu’ils cessent. Détourner le regard. Haïr. Haïr celui qui frappe. Haïr celui qui tend la main, qui ose vouloir l’aider. Haïr son propre cœur. (c’est de ta faute) Et ces nazes aussi allaient m’abandonner. Les gens importants, les gens que j’aimais étaient loin de moi, hors d’atteinte. (N’essayes pas de résister ou cela sera pire)

J’étais face à ces ténèbres, face à mes ténèbres, et je tremblais. Peut-être les autres ne comprenaient pas, mais moi, je connaissais très bien la peur, je connaissais très bien la mort.
Alors, alors que je serrai les paupières pour ne pas voir, faire comme si ça n’existait pas, comme l’enfant qui a peur du noir, qui cache ses yeux, un point s’alluma, une lumière naquit – et je la voyais, même les yeux fermés. J’avais même l’impression qu’une chaleur émanait de celle-ci, qui réchauffa ma poitrine.

« Tu n’es pas seul, tu n’es pas faible ! Je serai toujours avec toi ! »

J’ouvris les yeux, surpris. La lumière était réelle. A mes pieds, une sorte d’aura blanche se dissipait déjà ; et je savais qu’au centre, c’était le Digimon, la petite boule offerte par Eru…
Une sorte de tête à l’air narquois, les yeux comme des fentes – un peu comme les miens- d’un orange de chat, et de longues oreilles tombantes, et une peau d’un gris violacé… C’est ainsi qu’il m’apparut, mais je ne pris pas tellement le temps de le regarder, car j’étais stupéfié qu’il ait parlé, et plus encore, par ses paroles.

Avec le recul, on aurait dit une connerie de manga sur l’amitié, d’une banalité affligeante, ou pire, une aventure de magical girl… Mais ça faisait écho avec ma propre pensée, et même avec la pensée que je refusais d’admettre (tu es juste bon à être abandonné, regarde-toi) que j’en restais abasourdi.

Je ne sais pas pourquoi cela m’a donné du courage, à vrai dire, j’ai un peu honte ; mais le désespoir que je ressentais en cet instant, ces mots surent le balayer. Et je cillais alors que une dernière vague de larmes me submergeais. Qui dit des choses pareilles ? Qui ose ce genre de promesses ? Etait-ce vraiment ce qu’au fond, j’avais envie d’entendre ?

Que je ne serai plus seul ?

Je secouai la tête.

Il fallait seconder Magnus. On n’avait pas vraiment d’autre option et faire le contraire et attaquer rendrait sa stratégie inutile ; je repensais aux films de fantômes et je me demandais s’il y avait un moyen d’exorciser ce Digimon torturé.

« Tu as l’air de souffrir… Ta voix, c’est ce que l’on entend ? Ces voix, ces sons tous déformés ? Rappelle-toi… Tu es Coronamon… On ne veut pas de mal… Nous aussi, on est des victimes de la distortion… »
Le Digimon qui avait changé d’apparence, frissonnant d’une certaine horreur face à la créature déformée, altérée, tenta lui aussi de joindre sa nouvelle voix à la mienne.

« Tu es perdu, Coronamon, tu n’as pas à avoir peur… On ne va pas prendre ton territoire, on veut juste aider notre amie ! »
Pendant ce temps, j’essayais de m’approcher à reculons de la porte du fond du couloir. C’était la seule qui était bloquée, et c’était l’explication la plus probable si Lauren ne nous avait pas rejoints. Elle était coincée.

• Botamon digiévolve en Pagumon et parle à Isao pour le rassurer.
  
• Isao seconde Magnus pour tenter d’apaiser la créature avec son charisme et quelques paroles.
  
• Son Digimon fait de même.
  
• A reculons pour garder la chose sous les yeux, il essaye de rejoindre la porte aux gravats. Si il est attaqué, il essayera d’esquiver. Pagumon tentera de s’interposer.
  
  
  

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Les tentatives pour apaiser le Coramon avaient toutes échoué lamentablement, et la créature semblait plus agressive que jamais. Lauren, sortie de la porte encombrée, m’avait appelé à l’aide, mais trop choqué par la transformation de mon compagnon et surtout par l’allure agressive de la chose sortie des ténèbres, je n’osais bouger dans sa direction de peur de me refaire projeter contre un mur.
Les deux autres visiteurs de notre monde se décidèrent alors à faire front sur l’ennemi de façon à obtenir sa soumission ; pour ma part, je commençais à reculer pour me mettre hors de portée.
Suivant le mouvement des autres Digimon, ma créature nouvellement transformée se lança à l’assaut de ses faibles forces. Même si j’avais vu les autres communiquer, l’entendre s’adresser à moi me faisait une sorte de choc. Cela me mettait mal à l’aise ; c’était le même animal que j’avais perdu, puis trimballé à droite à gauche sans lui témoigner grand égard. Même s’il s’exprimait comme un petit enfant, un truc comme lui n’aurait pas dû avoir de conscience.
Aillant été quasiment inutile jusque-là, je me secouais et essayais de réfléchir. La voix que j’avais entendu parmi les sons désagréables, la cacophonie de grésillements, cela pouvait être celle de cet être déchu. Alors que je m’étais écarté du combat, je me retrouvais près de la porte que j’avais voulu ouvrir, quand l’horreur noiraude m’avait sauté dessus. Craignant qu’elle défende ce territoire, je tentais néanmoins de me glisser par la porte restée entrebâillée pour voir ce que contenait la pièce.

• Pagumon se jette dans la mélée et essaye d'envoyer des bulles dans ce qui ressemble à la tête de la créature pour la distraire pendant l’attaque des autres.
  
• Isao tente de se faufiler hors du combat pour se glisser dans la pièce d’où est sorti le Coramon. S’il n’est pas attaqué ou dérangé, il utilise sa capacité Concentration pour augmenter sa perception et observer l’intérieur de la pièce, tendant aussi l’oreille pour voir s’il réentend quelque chose au milieu des grésillements.
  
  
  

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