Une continuité normal... [PV Nathalie Dissinger]

Maintenant qu'ils avaient un chez-eux, un endroit où retourner se reposer dans des conditions au moins correcte, le moment semblait idéal à Nathalie pour explorer un peu ce nouveau monde où elle était coincée. Si vraiment ils étaient supposés trouver les cailloux magiques pour Eru, alors ils avaient besoin de pouvoir se repérer et surtout, de les chercher, les cailloux. La blonde avait donc décidé de lancer des expéditions aux alentours, complétant peu à peu sa carte et marquant des repères utiles pour trouver sa route. Elle ne serait sans doute jamais complète mais au moins ça lui donnait l'impression de faire quelque chose d'utile.

Pour sa deuxième journée d'exploration, elle avait choisi de longer la rivière vers la gauche. Cela lui faisait un repère naturel facile à suivre, pour être certaine de ne pas se perdre et tracer plus facilement sa carte. A ses côtés, Sam gambadait gaiement. Il était surexcité à l'idée d'avoir des jambes, et même s'il pouvait flotter, il préférait trottiner et courir.

"Est-ce que je peux aider ?"

Il était tout aussi ravi d'avoir des bras, ce qui signifiait qu'il pouvait désormais aider à toutes sortes de choses que les humains échoués dans ce monde devaient faire au quotidien. Il n'hésitait pas à demander à la moindre occasion, même parfois sans raison apparente. Une habitude qui deviendrait peut-être agaçante, à force. Pour l'instant, cependant, ses grands yeux pétillants et pleins de joie faisaient sourire Nathalie à chaque fois. Elle glissa son stylo entre deux mains et grattouilla le haut du crâne du digimon.

"Pas pour l'moment, t'inquiètes. Quand on s'ra d'retour à la cabane, j't'apprendrais p'tet à dessiner, ça t'dis ?"

"Oh, oui !"

Ils poursuivirent ainsi sur une grosse centaine de mètres encore, entre la forêt et la rivière, avant que les arbres commencent à céder du terrain. Devant eux, le terrain s’éclaircissait et l'horizon commençait à apparaître. Lointain, calme, et bleu. Il fallut s'approcher encore un peu pour que la blonde comprenne ce qu'elle avait sous les yeux. Ayant grandi à Phoenix, c'était la première fois qu'elle voyait la mer.

Elle finit le trajet en courant, oubliant de reporter les courbes de la rivière sur la carte. Sam suivait à toute vitesse alors qu'elle dévalait les dunes de sable, manquant de trébucher ou perdre son équilibre. La plage était immense, elle reflétait la lumière du soleil et luisait, se confondant par endroit à l'infini bleu et blanc de l'océan. Nathalie en resta bouche bée. Elle savait qu'elle avait raté sa vie le jour où elle avait fini en taule, mais elle avait aussi raté d'autres trucs, apparemment. Jamais voyagé, jamais sortie de son patelin.

"C'est beau…"

"Ouais, comme tu dis. Si j'avais pas qu'un stylo, j'laurais dessinée, tiens."

Ils restèrent à contempler l'horizon encore un moment, le regard dans le vague, jusqu'à ce qu'un bruit attire l'attention de Sam. Le petit Impmon tourna la tête vers la droite, essayant de voir d'où cela venait. Un cri lointain, comme un gémissement, ou un pleur. L'humaine ne semblait pas avoir remarqué alors il saisit sa manche, tirant faiblement dessus pour attirer son attention. Elle aussi pouvait l'entendre, en se concentrant. Ils se mirent donc d'accord pour aller voir.

Ils marchèrent le long de l'eau, se protégeant les yeux du soleil pour mieux voir. Finalement, après une grosse centaine de mètres, ils finirent par repérer une tâche rouge qui jurait avec le blanc cassé du sable. En regardant mieux, c'était un petit digimon, un Punimon à croire le digi-gadget. Et il y avait une humaine avec lui. Entre la robe blanche et les cheveux blonds, elle se confondait presque avec la plage. Tout l'inverse de Nathalie, en noir et orange, ou Sam le Impmon violet. Ne sachant pas pourquoi ils pleuraient, ou s'ils n'étaient pas juste en train de faire autre chose, la taularde fit de grands gestes pour attirer leur attention.

La blonde – l'autre blonde, celle en robe de mariée – se dressa à leur approche, serrant toujours la bestiole rouge dans ses bras. Avec sa belle robe blanche à traîne qui était déjà couverte de sable et d'autres crasses, sans compter ses yeux rougis et l'humidité le long de ses joues, elle avait l'air complètement hors-sujet, un rappel à la réalité qui n'avait rien à faire dans ce nouveau monde trop bizarre. Et comme pour accentuer cet aspect éthéré, la première chose qu'elle dit prit Nathalie complètement par surprise. L'adolescente eut un mouvement de recul, sourcils haussés et épaules en arrière.

"De quoi ? 'Videmment qu'je suis réelle, t'as cru quoi ?"

"Et moi aussi, je suis réel !"

Impmon devait sautiller sur place pour se faire voir entre les deux jeunes femmes, agitant les bras pour s'assurer qu'on ne le manque pas. Puis il se souvint qu'il pouvait juste rester en l'air et se mit à léviter, s'appuyant sur le bras de sa digitamer pour mieux regarder le petit Punimon. De son autre main il commença à jouer avec le digimon, gigotant ses doigts en un genre de spectacle sans véritable sens. L'adolescente devait bien reconnaître qu'il était mignon, lui aussi. Il avait un genre de bouille pouponne, et le même gabarit que Choromon au sortir de l’œuf.

"Salut, toi ! Comment tu t'appelles ? Moi c'est Sam, mais tu peux aussi m'appeler Impmon !"

Nathalie restait donc seule pour gérer cette nouvelle venue sortie de nulle part, un peu comme elle. Est-ce que c'était une vraie mariée ? Si oui… Vache de s'être retrouvée envoyée ici le jour de son mariage. Il fallait dire quoi, dans ce genre de cas ? Et de manière plus générale, il fallait dire quoi à quelqu'un qui venait d'échouer dans un monde étrange et étranger ? Et est-ce qu'elle venait de débarquer, seulement ? Est-ce qu'elle avait déjà eu droit au petit discours d'Eru sur les digimons, les pierres, et tout ce bordel ? Complètement incapable de décider quoi dire, la taularde laissa échapper un grognement long et sourd avant de laisser son instinct la guider.

"Fait longtemps qu't'es là ?"

Elle accompagna la question d'un geste du menton vers la plage, derrière l'inconnue, désignant à moitié l'endroit et à moitié le digimonde en général. Ce n'était pas la question la plus importante, mais ça briserait la glace, peut-être ?

Bien que sa question fut destinée à la petite boule rouge, Sam attira l'attention de la jeune femme qui se présenta à son tour. Elle s'appelait Lucrezia, un nom étrange et difficile à retenir, clairement pas américain. Même Elyjah en avait un plus simple. En attendant de l'imprimer, Nathalie l'appela simplement la mariée. Et si elle le prenait mal, ben ça serait sa faute, elle avait qu'à porter autre chose. C'était pas comme elle, elle avait le choix de sa garde-robe.

Et il fallait l'entendre. Que sa robe ne subisse pas plus de dégâts. Cette seule idée tira un ricanement à la taularde. Que ce soit sur la plage ou dans la forêt, sa robe resterait ni blanche ni intact très longtemps, en plus ça devait être un enfer pour marcher, elle aurait pas mieux fait de la lourder directement, ou au moins d'en arracher des bouts ? Après, elle était jolie, il fallait bien l'admettre. Sam ne semblait pas sensible à l'élégance de la coupe, plus intéressé par le petit digimon dans les bras de la mariée, mais son image de grâce toute droit sortie d'un film romantique pour gamine réveillait forcément certains des vieux rêves de l'adolescente. Pas qu'elle l'admettrait jamais à voix haute, ça non, elle avait passé l'âge de s'extasier devant ce genre de trucs. Elle détourna donc le regard des volants et froufrous de la robe pour regarder la mariée dans les yeux, et lever trois doigts devant elle.

"Fait trois jours, maint'nant. 'Fin là ça s'rait le quatrième. Toi tu débarques juste, hein ?"

Ce n'était pas difficile à deviner, même pour quelqu'un d'aussi… peu fin que Nathalie. Sa digi-bestiole était encore toute minus, et elle disait pas un mot, comme Choromon avant de devenir Caprimon. En plus, elle avait pas salopé sa robe blanche. Alors que l'adolescente essayait de décider quoi faire de cette nouvelle venue, son Impmon continuait de vouloir jouer avec Punimon. Il le caressait, lui gratouillait la tête, le tout en gloussant et gazouillant comme s'il lui parlait. Il avait le même goût des petites choses mignonnes que sa digi-tamer, mais moins de retenue. Cette idée tira un sourire à la taularde, qui pouvait sans doute passer pour mauvais à quelqu'un qui n'était pas dans sa tête. Puis un engrenage quelque part parvint à faire son travail et Nathalie réalisa quelque chose. D'un coup elle claqua des doigts, faisant lever le regard de Sam.

"Mais du coup t'as pas parlé à l'aut', euh… chais plus. Si, Eru ! Personne t'as expliqué c'que c'est c't'endroit, ou c'qu'on est supposés faire, et tout ! 'Fin là on essaie déjà d'survivre, mais ya toujours c't'histoire de caillasses."

Le digimon violet bondit de joie, les bras vers le ciel, et se maintint en l'air quelques secondes avant de retomber au sol.

"Oh oui ! Il faut qu'on te raconte tout !"

"Ouais, euh, p'tet pas. Ch'uis pas la meilleure prof d'histoire qui soit."

"Beh… T'aurais dû 'ller la voir, au lieu d'glander sur la plage, elle t'aurait dit tout ça vach'ment mieux qu'moi."

La première réaction de Nathalie fut sèche et sans appel, sortie de sa bouche avant qu'elle y réfléchisse vraiment. Le fond restait vrai, l'adolescente avait plus que probablement oublié la moitié de ce qu'il aurait fallu dire dans ce cas, mais la forme aurait pu être plus soignée. Bah, tant pis, Sam ne semblait pas s'en offusquer. Quand il se tourna vers l'humaine, une petite moue attristée sur le visage, ce ne fut pas pour la reprendre sur sa rudesse.

"Ne dit pas ça, je suis sûr que tu feras ça très bien !"

"Mouais…"

Elle observa le gadget dans la main de la mariée, puis le petit digimon rouge, son regard allant de l'un à l'autre pendant un moment avant de se reporter sur Impmon, qui la fixait avec de grands yeux pleins d'émerveillement et d'attentes.

"Et pourquoi pas toi ?"

"Ben… Parce que je ne sais pas ?"

Nathalie lui adressa un regard noir. Il était là pourtant, quand ils étaient chez Eru. C'était encore une souris incapable de parler, certes, mais il aurait pu écouter. Ou alors il ne comprenait pas encore le langage à l'époque ? Difficile de savoir, la blonde ne comprenait rien à ce digi-monde trop bizarre pour elle, de toute façon. Rien ne faisait de sens, tout était nouveau et compliqué. Nathalie finit par pousser un long grognement frustré, puis se passa une main sur la nuque, avant d'enfin prendre le digivice de la mariée.

"Bon, ch'ais plus comment s'appelle ce truc, j'l'appelle le digi-gadget pa'sque tout s'appelle digi-que'qu'chose ici. L'a plusieurs modes, on change 'vec ça – elle accompagna ses explications d'une démonstration, faisant défiler les différentes applications du digivice et remontrant l'écran à Lucrezia à chaque fois – genre là, c't'une carte qui pointe les cailloux magiques, là c'est ton symbole de ch'ais plus quoi, et là c't'un genre de dico des digimons que t'as croisés. Tu peux les r'voir, comme ça, 'vec leur nom et deux-trois aut' trucs. Tiens, genre, là, c'ui-là, ça dit Punimon et y'a la gueule de ta boule rouge, donc c'est qu'c'est un Punimon."

Son petit exposé terminé, elle lança le digivice vers sa propriétaire, persuadée sans même y réfléchir qu'elle réussirait à le rattraper.

"Pparemment, les digimons s'appellent par leur espèce, genre un Punimon s'appelle Punimon, et tout, mais c'est chiant pa's'qu'y changent d'espèce tout l'temps alors l'mieux c'est d'leur donner un vrai nom. Genre lui – d'un geste du menton, elle désigna son digimon qui buvait ses paroles avec un air béat adorable – l'est un Impmon, mais 'vant c'tait un Caprimon, puis 'core 'vant c'tait un Choromon, et parait qu'y peut encore changer, du coup j'l'appelle Sam. Et…"

Elle tourna un regard vers l'intéressé, cherchant comme une indication ou approbation, mais n'eut droit qu'à sa bouille mignonne, alors elle haussa les épaules.

"Et  m'semble que c'est tout. T'avais d'aut' questions ?"

Nathalie haussa un sourcil. Est-ce que c'était vraiment nécessaire d'en faire des caisses comme ça juste pour lui demander son nom ? En taule, les nouvelles avaient droit à un simple "C'est quoi ton blaze ?" et malheur à celle qui s'offusquait ou refusait de répondre. Les choses étaient certes différentes dans ce nouveau monde, sans aucune pression sociale parce que sans aucune société, mais de là à dégainer les phrases à rallonge, il y avait – hah – un monde. L'adolescente finit par juste hausser les épaules, plus déstabilisée qu'elle ne voulait le laisser paraître par la politesse et la gentillesse de la mariée.

"C'est Nathalie. Nathalie Dissinger. Mais tu peux m'app'ler Nath s'tu préfères."

"Pourtant il est joli, ton nom."

La blonde gloussa à cette remarque et vint gratter derrière l'oreille de son digimon. Lui aussi était trop gentil, elle n'avait pas l'habitude. Ça la mettait un peu mal à l'aise, mais c'était aussi agréable. Reposant. Pas de brutalité ou de besoin de s'imposer, pour une fois, ni d'intentions mesquines cachées derrière de belles paroles. Il y en avait eu des comme ça, aussi, au centre. Leurs petites manigances prenaient rarement, cependant, et ça finissait toujours mal.

"Pas faux, mais les noms courts c'plus pratique."

Elle releva ensuite le regard, reportant son attention vers la mariée et sa belle robe blanche en face d'elle. La pauvre avait encore les yeux rouges et son maquillage était complètement salopé, mais au moins ni elle ni sa bestiole ne pleuraient, maintenant. Les explications fragmentaires, désorganisées et pleines de vulgarité de Nathalie semblaient lui avoir redonné du poil de la bête. L'adolescente reprit un air plus dur.

"Et main'nant, euh…"

Merde, c'était quoi son nom déjà ? Lu… Lu-quelque chose… Luc...en...zo ? Lucenzo ? Nan, c'était pas ça, et si elle hésitait plus longtemps, Nathanie allait juste passez pour une cruche. Vite, improviser.

"Lulu, qu'es'tu va faire ?"

Malgré l'aide de Nathalie, la mariée semblait toujours aussi perdue. Preuve, s'il en fallait une, que l'adolescente n'était absolument pas une bonne pédagogue. Elle lui avait parlé d'Eru, pourtant, et elle lui avait dit qu'il fallait survivre dans ce monde sauvage, oh et elle avait parlé des cailloux magiques aussi. Si à ce stade, Lulu ne savait pas quoi faire c'était que l'adolescente avait raté son explication. Et elle chialait en plus. Enfin pas elle, sa bestiole, mais ça se voyait que Lulu se forçait à ne pas pleurer aussi. Tout ça pour ça, alors qu'un instant auparavant elle avait l'air d'aller mieux. Nathalie se retint de grogner, elle et sa grande gueule…

"Ben on était partis – elle sortit le carnet de sa poche, le levant un peu pour le mettre en évidence – pour 'ssayer d'faire une carte du coin, savoir où qu'on va, tout ça."

Elle n'allait pas lui proposer de l'accompagner, aucune raison pour ça. Ça ne les aiderait pas à mieux cartographier le coin, ça n'apporterait pas plus de réponses à la mariée, ça ne l'aiderait pas à s'acclimater au coin. Par contre, ça ne faisait pas avancer leur histoire, tout ça. L'adolescente aurait toujours pu choisir de ne pas aider Lulu, mais bon, elle n'allait pas non plus l'abandonner seule à son sort, pas avec les digimons qui pouvaient lui tomber dessus et la déglinguer en deux-trois secondes. Nathalie rangea le carnet en attendant.

"Mais c'pas comme si c'tait urgent ou quoi, on peut r'mett' ça à plus tard s'tu veux. Par cont' quoi qu'tu fasses, faut te bouger maint'nant pas'que c'est hostile comme coin."

Sam, de son côté, semblait s'être un peu désintéressé de la conversation, s'accroupissant pour jouer avec le sable. Vrai qu'ils avaient admiré la plage en arrivant mais qu'ils n'en avaient pas encore profité. Les gens faisaient ça, non, à la plage ? Des châteaux de sable, ce genre de trucs...

Lulu ne répondit pas tout de suite. En fait, l'espace d'un instant, Nathalie eut l'impression qu'elle s'était faite snobber. Elle essayait d'aider, là, d'être sympa. C'était pas facile ni naturel, enfin elle n'était pas non plus en train de se tuer à la tâche mais l'adolescente n'avait plus l'habitude d'être patiente ni tolérante. Ce n'était pas parce que l'autre était en robe avec des larmes pleins les yeux qu'elle échapperait à sa torgnole si elle continuait à lui manquer de respect. Agacée, Nathalie commença à taper du pied dans le sable et croisa les bras contre son ventre. Heureusement, la mariée se décida avant que l'adolescente ne craque et choisit enfin où elle voulait aller. Nathalie n'avait absolument aucune envie de retourner chez Eru, déjà parce qu'elle n'avait rien de nouveau à demander – elle n'avait rien pigé la première fois, ça serait pareil la seconde – ensuite parce que c'était pas la porte à côté. Et puis, du coin de l’œil, elle pouvait voir Sam qui avait désormais complètement posé son postérieur dans le sable. Elle sourit à son digimon, oubliant vite son début de frustration, et ressortit son carnet.

"Kay, 'lors regarde. Là – elle posa le doigt sur un segment de papier vierge, juste à côté du dessin de la rivière – c'est nous. Ya encore que dalle, j'ai pas eu l'temps d'dessiner la plage. Ça c'est la rivière, eh' s'jette dans la mer par là, dans mon dos. La ruine d'Eru est que'qu'part dans la foret, là. L'plus facile c'est d'suivre la berge jusqu'à tomber sur d'la caillasse, ça c'est la montagne, l'est un peu loin donc on la voit pas bien d'ici, et 'vec les arbres c'pas en t'approchant qu'tu la verras mieux. 'Fin bref, une fois qu't'y es, tu longes la pente en restant dans les arbres et tu d'vrais voir des ruines, ben c'est là. Y a une grotte d'dans, c'est là qu'est Eru. Faut pas t'paumer à l'intérieur mais c'facile, faut suivre les traces et pas se barrer dans les galeries parallèles."

Elle lui laissa la carte sous les yeux un moment, pour que Lulu puisse l'enregistrer, avant de ranger ses notes. Elle en profita pour détailler la mariée du regard une dernière fois. La pauvre était toute maigrichonne, elle serrait sa boule rouge comme un enfant effrayé tiendrait son doudou, elle était en robe sans un seul surin pour se défendre, bref, le moindre ennui et elle se ferait casser en deux. L'ado haussa donc un sourcil.

"T'es sûre qu'ça va aller ? Un dernier truc que j'peux faire pour aider, assurer qu'y t'arrive pas une crasse sur l'trajet ?"