[Aléas] Araignée chapardeuse.

ourte nuit à venir en guise de repos. Tu restes en surveillance avec ton ami l ’astre mort. Tu t’es fait un camp de fortune. Quelques baies en guise de sustentation, un feu maintenant éteint pour te réchauffer. Sommeil léger, haché, malgré le soutien de ton compagnon. Tu le laisses dormir. Petite créature qui a tenté de garder les yeux ouverts. Assoupie rapidement au creux de tes jambes. Tu te sens rassuré par sa présence. Moins seul dans ce monde inconnu. Tu rencontres une faune d’un autre territoire, d’un autre monde. Si tu savais. Tu te penses toujours sur ta Terre, mais plus sur ton territoire. Asie, Europe, Amérique. Tu ne sais pas. Mais tu es trop analphabète pour penser plus loin, si loin. Tu penses, réfléchis, tu te fatigues. Tu ne dois pas, on ne sait jamais. Mais l’envi se fait plus forte, la journée a été dure. Alors tu finis par t’assoupir.

Mal t’en as pris. Surprise. Réveil brutal lorsque tu heurtes violemment le sol. Le froid finit par te réveiller et tu te retrouves dépouiller. Jusqu’à ta veste, t’as été retiré. Seul ton couteau, dans ta ranger, est resté. Mécaniquement, tu l’attrapes et le serre entre tes mains. Asriel, apeuré, vient se coller à toi. Tu regardes à l’alentour, plus traces de tes maigres affaires. La forêt, si sombre une fois le soleil endormi. Tu n’as rien vu, rien entendu. On ne t’a rien volé de valeur, tu n’as rien. Mais on t’a pris l’ourson, et ta gorge se serre de peine. Il faut que tu le retrouves. Tu ne peux dormir sans. Mais aucune trace, aucune empreinte. Le voleur ne s’est tout de même pas envolé. Envolé. Tu lèves les yeux. Entre les arbres gîssent, une immense toile. Broderie de la nature, beauté éphémère, elle s’étend sans fin entre les arbres. Un plafond blanc aussi beau qu’effrayant, retenant quelques feuilles, des objets ainsi que tes biens.

Doucement, tu glisses te réfugier. Buissons, herbes, arbres, tu n’y fais attention. L’ours est là, mais tu ne vois le voleur. Tu restes d’une prudence maladive. Yeux de prédateur rivés sur ton bien, le quittent un instant pour trouver le coupable. Tu la vois, immense pour ce qu’elle est. Déployant, graciles, ses huit pattes sur sa toile : l’araignée. Aussi belle que repoussante, l’arachnide se prenait pour une pie. Elle rangeait avec précaution ses trésors. Tu tiquas quand elle attrapa l’ourson. Laissant cocomon en sécurité, tu grimpes dans l’arbre, en silence. Serpent rampant jusqu’à sa cible. Tu montes plus haut que la toile. Tu sais comment elles fonctionnent. Collante et poisseuse. Seul quelques fils son sûr, mais tu ne les connais pas pour t’y risquer. Alors une fois assez haut, tu n’hésites pas à sauter sur ta voleuse.

Cris de surprise de cette dernière, elle se cambre pour t’éjecter. Mais tu t’accroches fermement à elle, tiens bon, jusqu’à glisser ton arme sous sa gorge.
─ Rends. Affaires.
L’araignée se fige, sentant dans ta voix que tu ne bluffes pas. La voix terne de celui qui ira jusqu’au bout. Qui a déjà tué. Elle est surprise, elle ne s’attendait pas à ça. Elle te reconnaît, elle te pensait inoffensif. Bien mal l’en a pris.
─ O-oui, bien sûr ! Tiens reprends les.
Elle te rend l’ourson ainsi que tes autres effets et tu la relâches. Angoissée, elle se frotte le cou.
─ Tu m’as surpris, c’est la première fois qu’un humain ait le courage de m’attaquer.
Souvent, ils ont peur, ils sont perdus, ils ne savent pas quoi faire. Ils sont faibles, faciles à voler. Ils fuient par peur de la mort. Mais toi, tu n’as d’humains que le corps. Alors, ton comportement amusait l’araignée, si bien qu’elle ne chercha pas à t’attaquer. Gentiment, elle te fit descendre de sa toile et resta toute la nuit pour surveiller à ta place.