The cake is a lie - Ft. Kwang ; Tutoriel

orsque Kwang-Sun Ahn s’éveilla ce matin-là, il ne comprit pas tout de suite où il était. Il ne chercha pas vraiment à comprendre, bien trop occuper à tenter de se rendormir pour quelques minutes de plus. Ouvrir les yeux lui était chose difficile. Le sol était dur, ses muscles endoloris et sa tête tapait la batterie comme un lendemain de mauvaise soirée. Il essaya de visualiser son environnement, son appartement. Car oui, il ne pouvait pas être ailleurs, ou sinon il serait encore plus dans la merde qu’il ne l’est actuellement. Déjà, il sentait, à la dureté de sa couche, qu’il s’était endormie par terre ou qu’il était tombé du canapé-lit. Il glissa sa main sur la surface, on dirait un tapis. Il dort sur le tapis.
Kwang-Sun ouvrit les yeux. Il n’y a pas de tapis chez lui. Il en est certain. Il referma rapidement les yeux dans un gémissement de douleur. Passant ses mains sur son visage, tout en se redressant, il tenta de les ouvrir encore une fois. Cette lumière, trop forte, il n’a pas l’habitude, ça l’aveugle, lui fait mal. Il se demanda qui était le connard qui avait ouvert les volets alors qu’il est photophobe avant de se rendre compte qu’il est dehors, et que le fameux tapis n’est que de l’herbe. S’asseyant en tailleur, il attendit quelques instants que sa rétine s’habitue légèrement à cette luminosité, rabattant sa capuche pour se faire un peu d’ombre. Il roula des yeux, se rendant compte que ses lentilles étaient mal placées, quelle idée de s’endormir avec aussi puis fouilla dans ses poches pour chercher son paquet de tabac. Poche droite, parfait. Il se roula une clope avant de l’allumer, tirant une latte salvatrice dessus avant de regarder son environnement.

Des arbres entouraient Kwang-Sun. Une étrange forêt plutôt colorée pour ce qu’il pouvait en voir. Il avait l’habitude de voir son environnement plutôt mal et les arbres proches les uns des autres formaient un amas grouillant de couleur et pas très agréable. Par terre, quelque affaire à lui, un couteau, son MP3, ses lunettes dans une boite, son carnet de notes, le reste étaient dans ses poches. Puis une tartine sur ses genoux. Il attrapa la tartine déjà sèche et la mangea sans outre mesure.
Ce qu’il foutait là, il en avait aucune idée. Il tenta en vin de se souvenir de la veille. Il se souvenait de la tartine, puis, de se faire chier depuis qu’il ne peut plus toucher d’ordinateur. Il avait dû s’endormir, ou… il ne sait pas, impossible de se souvenir. Tant pis, le passé n’était plus très important actuellement. Ce qu’il constatait, c’est qu’il était dehors alors qu’il ne devrait pas l’être. Il commença donc à ramasser ses affaires et les glisser dans ses poches comme il pouvait avant de trouver deux objets bizarres : une sorte d’œuf à picot et une sorte de tamagotchi.
Il coinça sa clope entre ses dents et fit rouler l’œuf dans ses mains, se demandant bien ce que c’était avant de le secouer comme un con voir si ça faisait du bruit. Il le reposa ensuite par terre et ramassa le tamagotchi qui affichait : « Activated ». Soudain, un flash lumineux, l'aveugla, si c'était encore possible.
─ Putain de saloperie de merde !
Sans réfléchir, il jeta l'objet au loin avant de se frotter les yeux, la douleur était insupportable. Il rabattit sa capuche un peu plus sur sa tête, cherchant un peu d'ombre pour ses yeux et se leva, jurant en shootant dans l'objet ovale qui lui faisait office de ballon. Puis il alla ramasser l'objet. Il le regarda d’abord sur toutes ses coutures, tentant d’appuyer sur toutes les touches pour voir comment il fonctionne.

ela faisait moment que Kwang-Sun n’avait pas quitté son canapé pour faire de l’exercice. C’est bien beau de vouloir shooter dans la sphère, mais faudrait aussi savoir viser. Donnant le coup à côté, il faillit de se vautrer, mais ne manqua pas de s’érafler le tibia sur l’une de ces maudites épines. Il lâcha un gémissement agacé, se frottant la jambe avant de regard sur l’appareil électronique, ignorant la sale boule à picot. Il le ramassa, le faisant tourner entre ses doigts : il comportait trois boutons, mais ils ne semblaient pas fonctionner. Il le retourna et comme tout bon vieux tamagotchi, il comporté un petit bouton caché, le bouton de reset ou d’allumage, qu’importe. L’éloignant par prudence de ses yeux, il appuya dessus et l’appareil s’alluma.
Pas de flash à la con, très bien, Kwang-Sun ramena l’écran vers lui et l’observa plus minutieusement. En appuyant sur le bouton gauche, un sprite d’œuf apparaît avec un level, ouai, c’est donc bien un tamagotchi. Il leva le regard sur la boule piquante, donc c’était un œuf et il semblait être lié à cet appareil. Bizarre. Il appuya ensuite un bouton à droite et une sorte de radar apparu, sans carte, juste un point rouge au centre d’une croix. Un GPS sans carte, ça sert un peu à rien. Et le dernier bouton affiché un étrange symbole.
Ça ne l’avait pas beaucoup avancer tout ça, il savait toujours pas ce qu’il foutait là ou encore où il était. Clipsant le tamagotchi a sa ceinture, il se dirigea vers l’œuf qui maintenant attisait sa curiosité. Il aurait bien aimé savoir ce qu’il y avait à l’intérieur, mais ce n’était pas en l’ouvrant de force qu’il saurait, sauf s’il veut tuer la chose à l’intérieur. Moment d’hésitation. Il soupire, et retire son manteau puis son t-shirt pour envelopper l’œuf à l’intérieur avant de remettre le manteau. Il faisait un peu chaud donc ça faisait quand même du bien de se dévêtir un peu. Son but premier n’était pas de couver l’œuf, mais d’éviter de se faire mal en portant boule d’épine qu’il cala sous son bras comme il pouvait.

À cet instant, il entendit un bruit. Calmement, il se tourna vers la source pour voir ce que c’était, un animal sans doute. Espérant que ce ne soit pas un prédateur, Kwang-Sun a la flemme de courir.

e fourré frissonne avant de s’arrêter, quelques bruits de pattes se faisant entendre. La source de cette agitation fuit sans que Kwang-Sun puisse voir ce que c’était. Peut-être un lapin, ou un autre truc probablement comestible. Il ne sait pas quelle heure il est mal Ahn a plutôt faim malgré la tartine qu’il avait avalé quelques minutes plus tôt. En plus, elle était sèche, donc dégueulasse. À moins que ce soit, parce qu’il se fait relativement chier, quand on s’emmerde, on a souvent faim. Il souffle, jetant son mégot à terre avant d’entendre un bruit fracassant derrière lui. C’était plus du bruissement-là, on dirait un bulldozer qui arrache des arbres. Nonchalamment, Kwang-Sun se tourne vers la source du bruit pour se retrouver nez à nez avec une face d’écaille. Un bulldozer n’a pas d’écailles dans ses souvenirs. Ni une gueule et des yeux violacé qui vous fixe avec une envie carnassière.

L’immense monstre commence à gronder avant de rugir à quelques centimètres de notre protagoniste qui ne recule pas d’un pas. Kwang-Sun ferme les yeux, se crispant un peu le temps que la chose est finie de gueuler. Essuyant un filet de bave sur son visage d’un revers du manteau, il relève les yeux vers lui, passablement dégoûté.
─ Putain mec, t’as une haleine de chacal !
L’instinct de survie chez Kwang-Sun était assez limité. Il n’assimilait pas forcément le danger et son flippomètre était quelque peu cassé. Alors la peur est à l’abonné absent. Pourtant, c’est important comme émotion, ça permet de tenter de survivre dans ce genre de situation par exemple. Enfin, c’est ce que penserait une personne externe de la réaction de l’albinos. À vrai dire, il était surtout logique dans sa réaction. Vu la taille de la bête, courir aurait servi à rien, il sait qu’il est pas assez endurant et il tenait à sa rate. Ensuite, il parait qu’il ne faut pas tourner le dos aux prédateurs, et vu le nombre de dents de la chose qui lui faisait face, il ne devait pas manger de la laitue. D’ailleurs, c’était quoi ? Un dinosaure ? Ce n’est pas mort, c’est truc là ? Enfin bref, en gros ça sert à rien de chialer, de courir, ce truc allait le bouffer dans tous les cas. Donc la seule solution, c’était dans un premier temps ne pas montrer qu’on est plus faible que cette chose - même si vu la carrure de Ahn c’était raté – et donc un second temps, attaquer.

De ce fait, dans son résonnement implacable, Kwang-Sun mit une droite en plein sur le museau de la créature. Avec un peu de chance cela allait le dérouter comme avec les requins. Ou ça n’allait juste rien faire et mettre le dinosaure très en colère. C’est peut-être aussi pour ça que Kwang-Sun profita de ce petit élément de surprise pour glisser sous les pattes du dinosaure et se casser de l’autre côté… le temps qui se retourne il pourra peut-être se cacher.

érieusement, Kwang-Sun avait pensé à quoi en faisant ça ? Il était évident qu’il ne s’en sortirait pas. Fuir était une bêtise, attaquer était une connerie. Mourir en lâche ou en fou telle était la question, et Kwang-Sun choisit la solution la plus suicidaire. Quand la peur nous fait défaut pour activer les réflexes de survie, on ne vit pas très longtemps. Alors, oui, il a frappé le tyrannosaure armé de pics et de crocs qui lui faisait face, pensant, à tort, s’en sortir. Il avait espéré, un instant, que l’allure pataude de lézard le rendrait lent, une erreur, c’est que dans les jeux vidéo qu’on devine les caractéristiques de son ennemi à sa gueule.
Au début, c’était bien partie, le mastodonte ne s’était pas attendu à un affrontement de la part d’une proie qui faisait la moitié de sa taille… Ah non, on parle de Kwang-Sun là, cette perche de conneries 100% naturel. Donc on fait, si on compte la mèche rebelle sur sa tête, il fait la même taille que la bête. Mais ce n’est pas suffisant pour l’impressionner. En colère, le dinosaure vivant – c’est bon de préciser que c’est un dinosaure « vivant », car c’est censé être éteint ces trucs-là – se retourna d’un coup et frappa avec sa grosse queue – merci de ne pas sortir cette phrase de son contexte. Propulsé dans les airs, il frappa un énorme tronc – mais merde à la fin ! À croire que c’est fait exprès ! – et se ramassa sur le sol, gémissant. Il essaye de se redresser, mais ressent une violente douleur à l’épaule, constatant qu’elle s’est déboutée. Il souffle et se cogne contre l’arbre pour la remettre en place, non sans un râle de douleur avant de relever les yeux vers le prédateur. Il n’a même pas le temps d’inspirer pour courir qu’un autre lézard sort par magie – merci le deus ex machina – et attaque le premier.
Constatant qu’il est plus grand et semble démonter l’autre, Kwang-Sun se glisse derrière l’arbre en essayant de se faire oublier.

lissant le long de l’arbre, Kwang-Sun s’assoit par terre, tenant son épaule encore douloureuse. Il regarde sa main gauche qu’il serre et desserre, constatant que seul le mouvement de l’épaule est déplaisant. Il peut encore se servir de sa main principale, mais non sans une grimace au moindre mouvement. S’adossant contre l’écorce molle de l’arbre colorée, semblable à un eucalyptus deglupta, mais en beaucoup plus large, il écoute d’une oreille le combat qui fait rage derrière, se demandant lequel allait le bouffer. Il émit un rire sarcastique avant de soupirer.
L’un fuit et le combat prend rapidement fin. L’hacker retient son souffle. Il est calme, son cœur bat normalement et ne ressent pas le stress, mais, il essaye de se faire discret. Mais il lâche rapidement lorsqu’il entend le mastodonte s’exclamer.
─ Tu peux sortir maintenant, mon p'tit. Excuse mon ami, il est plutôt grognon au réveil.
Kwang-Sun fut surpris, à sa manière, se demandant depuis quand ça parle un dinosaure, et puis, il se rappela qu’il en avait jamais vu de vivant avant pour se dire que c’était impossible. Il se releva, s’allumant une clope avant de ramener ses cheveux en arrière et lever les yeux reptiles.
─ Bah il devrait prendre son café avant de sortir ton « pote », lui répondit-il.
Il le regarda de haut en bas, il était plus grand celui, un mètre de plus que l’autre, mais moins large. Hormis ses rangées de dents acérées, il avait l’air sympathique, enfin, selon la définition du coréen.
─ J’crois que j’devrais te remercier, j’ai cru qu’il allait me bouffer. Ça m’aurait un peu embêté. Hum… sinon, il y en a beaucoup des dino qui parlent comme vous deux dans l’coin ? T’es quoi ? Un robot ? On est dans un parc d’attraction ou quoi ?

’air de rien, Kwang-Sun se roule une cigarette, écoutant en même temps l’étrange créature qui lui parle. Il devrait être choqué, sans doute, mais est-ce vraiment nécessaire de simuler la surprise ? Pas vraiment, ça ne changerait pas grand-chose à la situation. L’humain trouvait même cela amusant, ça changeait de la monotonie habituelle. Et puis, peut-être qu’il rêvait, halluciné, qu’importe. Le tout était de savoir où il était, comment il est arrivé là, même si franchement ça l’arrangeait de ne plus être enfermé chez lui à l’attente d’un jugement négatif. Il alluma sa clope, tirant dessus avant de répondre en soufflant la fumée en même temps.
─ Un café. Une boisson qui réveille et rend de bonne humeur. Enfin normalement.
Parce que parfois ça ne marchait pas. Quand on se réveille du mauvais pied, même la caféine n’y peut rien.
─ Digiquoi ?
Il ne cherche pas vraiment à comprendre, en fait, en regardant de plus près, Kwang-Sun a l’impression d’être sur une autre planète. Même les plantes ne lui disent rien, il n’en a jamais vu de semblable et pourtant, il est loin d’être con. Puis bon, si sur Terre, il y avait des dinosaures qui parlent ça se saurait. À moins qu’il ait affaire à un reptilien qui a oublié de se déguiser en humain.
─ Allomon ? C’pas commun comme nom ça. Moi, c’est Kwang-Sun et je ne suis pas un digimon comme tu le dis, mais un humain. Au fait, vu que tu sais parler, on se trouve où là ? À la base, je pionçais dans mon salon et pouf ! Je me réveille ici comme dans un cliché de début de jeu vidéo.
L’homme baisse les yeux sur la sphère qu’il a posée à ses pieds et rajoute :
─ Ah ouai et quand me suis réveillé, j’avais ce truc avec moi, et ce tamagotchi, tu sais ce que c’est toi ? Au pire, si tu ne sais pas, c’pas trop grâce, mais je ne sais pas trop quoi en foutre, c’est encombrant c’te merde.