What the fuck am I doing here? - Ft. Connor ; Tutoriel

Le sol était dur. Ses cervicales le lançaient, et le dos de son t-shirt était mouillé. Est-ce qu'il s'était endormi par-terre ? À l'extérieur, s'il en jugeait par cette herbe humide qui lui chatouillait les doigts ? Il ne reconnaissait pas les sons qu'il entendait, ni les odeurs qui lui parvenaient. À la place de la chaleur rassurante d'Iseult qui aurait du se trouver contre lui, quelque chose de tiède, solide, émettant une pulsation légère était logé contre ses côtes de façon douloureuse.

Avec peine, il finit par ouvrir les yeux en serrant les dents tant l'effort lui parut disproportionné. Comme il s'y attendait, ce n'était pas le parc qu'il connaissait qui surmontait sa vision. De grands arbres aux couleurs chatoyantes semblaient veiller sur lui, le dominant de leur hauteur imposante. Il cligna des yeux, laissant peu à peu la surprise et l'incompréhension réveiller son cerveau engourdi.
Se redressant vivement, Connor fut pris d'un vertige et porta une main à son front en jurant. Où est-ce qu'il était ? Comment était-il arrivé ici ? Le cœur battant, il observa les alentours, ainsi posé sur son séant, trempé et migraineux.

"C... C'est une blague ? " grogna-t-il en se massant les tempes.

Certainement une blague oui. Et quoiqu'il en soit il n'avait pas de temps à perdre. Quelle heure était-il ? Où était sa chienne ? Avait-il déjà manqué l'heure du repas ? Il était censé s'occuper de Reiko pendant les deux heures de pratique de Kaede. Pourquoi était-il sorti ? Ne devait-il pas... faire des emplettes ?
Les souvenirs se confondaient dans sa tête, et il n'était plus certain de se rappeler précisément ce qu'il était en train de faire avant de s'endormir comme un idiot en pleine nature. Inspirant profondément, il tenta de calmer la rage qui commençait à monter en lui. Inutile de s'énerver pour si peu, il devait bien y avoir une explication à tout cela. Son amnésie partielle ressemblait un peu à ces instants où, se réveillant dans un lieu inhabituel, le cerveau ne parvient pas à se souvenir de l'endroit où il se trouve, pendant parfois plusieurs minutes. Inutile de s'inquiéter.

Alors qu'il rouvrait les yeux en grognant, sentant la sueur se mêler à l'humidité terreuse qui enveloppait ses vêtements, son poignet buta contre l'objet ovoïde qui lui avait meurtri les côtes. Il observa l’œuf géant avec un mélange de curiosité et de dépit. Était-ce un œuf d'émeu ? D'autruche ? Que quelqu'un s'était amusé à peinturlurer ?
Juste à ses côtés se trouvait un petit appareil que le garçon prit pour une montre. Il tâcha de s'en emparer pour vérifier l'heure, mais l'objet se mit aussitôt en marche, affichant un simple mot : "activated". Puis l'écran émit un flash aveuglant, lui arrachant un juron avant de jeter le bidule au sol.

"Saloperie ! " aboya-t-il.

La surprise l'avait fait sauter sur ses pieds, et il se sentait à présent plus léger, maître de ses mouvements bien que ses articulations lui parurent encore un peu rouillées. Jetant un coup d’œil accusateur au petit appareil électronique, il reporta son attention sur l’œuf, et le ramassa finalement pour le bloquer sous son bras. Rien, pas une touffe d'herbe ne laissait penser à la présence d'un nid dans les parages, et pourtant la coquille chaude semblait bien contenir quelque chose de vivant, aussi le garçon se refusait-il à le laisser traîner sur le sol froid.
De sa main libre, il se mit à fouiller les innombrables poches de son pantalon large. Il portait ses rangers et sa tenue de randonnée, signe qu'il devait être sorti avec Iseult pour une longue promenade, sans doute en compagnie de sa famille, et bien qu'il n'en gardât aucun souvenir. Quatre barres de céréales, sa console, son lecteur MP3, et un magasine de musique glissé à l'arrière de son futal définir le plus gros de sa prise. Le casque autour de son cou (qui expliquait le lancement douloureux dans sa nuque) avait pris l'eau, et Connor ignorait s'il était encore en état de marche.

Alors qu'il ne trouvait rien de probant sur lui, à part son portable entièrement déchargé, le garçon finit par revenir à contrecœur vers l'appareil qui gisait au sol et le ramassa rageusement. Il l'observa sous toutes les coutures, martelant les boutons comme une brute dans l'espoir d'en tirer quelque chose d'utile. La situation commençait à l'irriter sérieusement.

---

Connor ramasse l’œuf qu'il garde contre lui, sous son bras, pour éviter de le laisser au froid alors qu'il semble contenir un être vivant.
Il ramasse aussi l'appareil électronique avec mauvaise volonté et appuie sur tous les boutons comme une brute, désirant une réponse là, maintenant, tout de suite, mais cherchant surtout à savoir l'heure qu'il est.

Rien à faire ! L'appareil refusait d'afficher quoi que ce soit d'autre. Il semblait éteint.
Rageusement, Connor fourra le bidule dans une poche, aux côtés de son téléphone déchargé, pour reporter son attention sur l’œuf. Il leva ce dernier devant son visage. Ses dents se desserrèrent, et il se calma peu à peu. Quelque chose remuait sous la coquille, et le garçon ne pouvait qu'imaginer l'un de ces poussins géants qu'il avait quelque fois croisés étant enfant.

"Qui c'est qui t'a abandonné ici ? C'est pas un coin pour toi. " grogna-t-il.

La chose remua encore. Il allait très certainement éclore dans les heures suivantes. L'Australien soupira et reposa l’œuf contre lui, au creux du sweet qu'il portait autour de sa taille. Il bloqua ainsi fermement l'objet ovoïde contre son ventre en assurant le nœud de son vêtement dans son dos. Ainsi harnaché, il observa les environs avec plus d'attention. Où diable était-il ? Il avait beau chercher dans sa mémoire, cette forêt ne lui rappelait rien du tout. Ni un paysage japonais, ni de son ancien pays. Les arbres avaient vraiment, pour certains, une couleur étrange...
Les sons qu'il entendait lui étaient inconnus, et paraissaient lointains, comme s'il se trouvait au milieu d'une forêt immense. Il lui fallait prendre de la hauteur pour en apprendre un peu plus.

Connor choisit un arbre un peu tordu, sur lequel il devinait plusieurs prises, et se dirigea vers son pied. C'est à cet instant qu'il entendit le froissement dans les fourrés. Aussitôt sur le qui vive, muscles bandés, le garçon se tourna dans la direction du bruit. S'il s'agissait d'un humain, c'était une blague de mauvais goût. Si c'était un animal, la situation pouvait devenir dangereuse.


Sans quitter des yeux l'endroit d'où provenait le bruit, il se pencha pour ramasser un gros caillou qui traînait là et le glissa dans une poche. Puis il entreprit d'escalader l'arbre avec précaution, ne quittant pas ou peu des yeux le fourré visiblement habité. Il avait déjà caillassé des dingos par le passé, il espérait simplement ne pas avoir perdu la main.

---

Connor abandonne l'observation de l'appareil et le fourre dans une poche pour se concentrer sur l’œuf. Il glisse ce dernier dans le sweet qu'il porte autour de sa taille pour le maintenir ainsi au chaud contre son ventre et avoir les mains libres.
Il décide de prendre de la hauteur pour observer les environs et comprendre où il se trouve, et choisit donc un arbre qui lui semble avoir de meilleures prises pour essayer d'y grimper.
Il entend le bruit dans les fourrés et menace la créature qui s'y cache à voix haute. Mais dans le doute, il ramasse une pierre qu'il fout dans une poche sans quitter des yeux la possible menace et commence à grimper à l'arbre avec précaution, et en se tenant sur ses gardes.

L'ascension de l'arbre se fit lentement, avec précautions pour ne pas écraser l’œuf qui logeait contre son ventre comme un bébé kangourou dans la poche maternelle. En bas, les froissements de feuille semblaient s'être interrompus. Connor profita de cet instant de répit et du fait qu'il soit suffisamment haut pour se caler dans une fourche, le cul contre une branche épaisse, chaussures fixées sur la deuxième.
De là où il était, l'adolescent avait une meilleure vue sur ce qui l'entourait. Et cette vision n'avait rien pour le réjouir...
Des arbres. À perte de vue. Il était paumé au milieu d'une jungle immense sans aucun signe d'activité humaine à proximité. Au loin, cependant, scintillait un reflet bleuté. Peut-être, avec un peu de chance, s'agissait-il d'un point d'eau ? Quoiqu'il en soit, cette cible paraissait la seule un brin tangible. Il ne pouvait pas errer dans les bois sans se fixer une destination. Dommage qu'il n'ait pas de boussole...

À cet instant, le mouvement dans les fourrés reprit de plus belle. L'Australien baissa les yeux juste à temps pour voir apparaître une petite créature aux allure d'amphibien. Ou peut-être de reptile à en juger par les griffes qui ornaient ses pattes.
La bête, en tout cas, l'avait repéré, et le fixait à présent de ses grands yeux rouges. Connor fronça les sourcils. Il n'avait aucune foutue idée sur la nature de cette bestiole. Ses couleurs criardes, néanmoins, n'étaient pas sans lui rappeler celles de grenouilles et crapauds venimeux. Il préférait se montrer méfiant. Pourtant, une certaine sérénité dans le regard du petit lézard lui laissait penser qu'il n'avait rien d'agressif pour l'instant.


Ce disant, le garçon sortit la friandise de son sachet et la balança à quelques mètres de l'animal, espérant que ce dernier reporterait son attention sur la nourriture et s'éloignerait un peu le temps qu'il descende de son perchoir.

---

Connor profite de sa hauteur pour bien observer les lieux et tâcher de retenir dans quelle direction se trouve le reflet bleu qu'il espère être un point d'eau.
Voyant la créature qui s'est arrêtée pour l'observer, il préfère être méfiant au cas où elle serait venimeuse, et débale une barre de céréales qu'il lance à quelque mètres de la bestiole pour l'éloigner de l'arbre et lui permettre de descendre sans risques.

Le geste du garçon parut avoir l'effet escompté. L'amphibien suivit le vol de la barre de céréales des yeux, puis, penchant la tête d'un air intrigué, se dirigea vers son point de chute. Connor, satisfait, en profita pour descendre de l'arbre, prenant soin de poser les pieds sur les mêmes prises que pendant son ascension. Quand soudain, cette voix nasillarde retentit.

L'adolescent leva un regard écarquillé sur la créature qui le fixait de nouveau à son tour. Elle s'était complètement désintéressée de la barre de céréales, et les mots qu'elle avait prononcés (car oui, la voix venait bien de sa direction) lui étaient clairement adressés.

"... C-c'est quoi c't'embrouille ? " balbutia-t-il avec colère et un semblant d'anxiété.

Il n'était pas fou ? L'animal venait bien de lui parler ? Quelqu'un lui faisait réellement une blague, à n'en pas douter ! Un ventriloque ? Mais pourquoi ? Dans quel but ?
Tandis que ses pensées confuses l'assaillaient, le garçon trébucha et perdit l'équilibre. Heureusement, il n'était plus très loin du sol, et atterrit sur le dos en se courbant instinctivement pour protéger l’œuf maintenu contre son ventre.
Oubliant la douleur dans son coccyx, l'Australien sauta sur ses pieds pour faire face à la bestiole parlante. Elle continuait de le fixer.

---

Connor descend de l'arbre mais, arrivé non loin du sol, est surpris par le fait que la créature puisse parler et en tombe au sol en ayant juste le temps de protéger l’œuf.
Il s'énerve ensuite en se redressant, et intime férocement au type qui se planque certainement autour de lui de se montrer.

Personne, dans les environs, ne répondit à son imprécation. Et pour cause, la voix venait réellement de la créature. La bestiole s'insurgea du nom que le garçon lui avait donné, et assura qu'elle s'appelait Betamon, avec tellement de verve que l'Australien ne put que se résigner.

"Ah... ? Bon... D'accord... " lâcha-t-il finalement, un peu perdu.

Un animal nommé Betamon lui faisait donc la conversation. Très bien. Puisqu'il venait d'être le témoin actif de cet échange verbal, le cerveau de Connor laissa volontiers cette information prendre place parmi ses neurones dubitatifs. Il ne savait pas où il était, ni depuis quand il se trouvait ici, mais ce dont il était certain, c'est qu'ici, un crapaud du nom de Betamon était doté de la parole. Et que par conséquent, il était le seul à pouvoir l'aider.

La créature lui tourna autour, s'étonnant de son apparence, et le questionnant tout haut sur ses origines. Aussitôt, le dos voûté de l'Australien se redressa, son regard de malheureux résigné reprit en colère.


Tout en alignant les mots à toute vitesse, Connor montra tour à tour son portable, l’œuf niché contre son ventre, et enfin l'appareil horripilant qu'il avait fourré dans une autre de ses poches au petit quadrupède. La colère et l'anxiété commençaient à se faire sérieusement ressentir dans sa voix puissante, et surtout dans son regard courroucé.

"Il faut que tu m'aides à sortir de cette forêt ! "

---

Connor accepte la situation maintenant qu'il a la bestiole parlante sous le nez, bien obligé.
Il montre à Betamon ce qu'il a trouvé, et surtout, lui demande de l'aider à se repérer et à trouver un moyen de contacter sa famille.

Le dénommé Betamon semblait ignorer ce qu'était un humain, et ça n'avait rien de rassurant. Comment pourrait-il l'aider s'il n'avait jamais vu d'humains ? Et surtout, comment diable était-il possible qu'il n'ait jamais vu un de ses semblables ?! Connor avait beau se creuser la cervelle, ses plus récents souvenirs le ramenaient à Hamamatsu. Il n'avait pas pu quitter la ville comme ça, et encore moins le Japon ! Et pourtant, il avait l'impression d'être perdu en pleine forêt amazonienne (du moins, un version aux couleurs pastels de la forêt amazonienne qu'il pensait connaître).
Et puis, le batracien commença à répondre à ses questions. Ses paroles agacèrent un peu plus l'Australien qui rongea son frein en grinçant des dents : Betamon ne comprenait rien à rien ! "Mafamille" ? Eru ? Un Digitama ? File Island ? Il y avait de quoi tourner chèvre !
Soufflant profondément comme un taureau énervé, le garçon tâcha de se calmer. Betamon n'était qu'un animal, et il semblait jeune, c'était suffisant pour que son ignorance prenne une toute autre portée.


Connor haussa les épaules, dépité. Il avait beau insister, il avait parfaitement conscience d'être dans une impasse.


Tout en parlant, l'Australien avait rangé l'appareil bizarre dans le creux de son sweet, tout contre l’œuf géant fermement maintenu contre lui. C'est à cet instant qu'il sentit une chaleur bizarre s'échapper des plis de son vêtement, accompagnée de quelques mouvements de la part du réceptacle. Connor jura en dénouant le vêtement et le posant au sol pour libérer un peu l’œuf qui s'était mis à remuer. Qu'est-ce qui lui prenait à celui-là aussi à faire des siennes dans un moment pareil ?!

---

Connor demande à Betamon de l'emmener voir cette fameuse Eru dont il parle tant, en espérant qu'elle pourra l'aider à comprendre ce qu'il fait ici.
Pendant ce temps, l’œuf se met à remuer et Connor le pose donc au sol, au milieu de son sweet dénoué, pour voir ce qu'il va se passer.