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Dans la rosée, je te cherchais ; dans mes rêves, je t'attendais | Aléa Halloween

Zhuang Li
Symbole de l'Espoir
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Zhuang Li
Symbole de l'Espoir
Dim 28 Oct - 17:14
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
Le matin avait caché la lune et ses étoiles sans même que Zhuang ne s'en aperçoive. Il s'était réveillé et avait constaté que Aiden n'était plus dans l'abri. Néanmoins, Dorumon était encore assoupi. Sa grosse masse violette se soulevait à chacun de ses souffles en un mouvement lent et paresseux.
Les yeux encore ensommeillé, l'enfant s'était frotté le visage avant de bailler. Par réflexe, il alluma son portable mais à la place d'être accueilli par la date et les quatre chiffres de l'heure, ce fut une multitude de symboles qui s'afficha. Certains étaient bien des nombres mais d'autres étaient des signes mathématiques. Tout ce beau fouillis décroissait et croissait sans aucune logique. La seule chose que Zhuang pouvait reconnaître était le fond d'écran. L'air sombre et familier de Batman le rassura légèrement.

Ré-empochant son I-phone, il se redressa. Sa doudoune lui avait servi de couverture pendant la nuit mais il regrettait de ne pas avoir enfiler de chaussette. Ses pieds étaient frigorifiés. Zhuang noua les manches de son manteau autour de ses hanches. Il se déchaussa et tenta maladroitement de revigorer ses pauvres orteils. Malheureusement, ce ne fut pas d'un grand secours.

Ayant une autre idée, il remit ses baskets. Après une petite caresse sur la tête du dragon, il sortit de l'abri. De ce qu'il pouvait voir des cieux entre les branches, quelques nuages flottaient parmi le bleu.

Mais, à peine avait-il fait quelques pas, qu'une révélation le stoppa net !
Précipitamment, il retourna dans l'abri, s'assura de ne pas avoir réveillé le Digimon et ressortit.

Ouf ! Si Stingmon savait que j'ai failli t'oublier, il n'aurait vraiment pas été content...
murmura t-il pour le Digitama.

Puis, il n'aurait manqué pour rien au monde, l'éclosion de l’œuf ! Aiden lui avait confié que le sien s'était ouvert après quelques heures après l'avoir trouvé. Zhuang espérait qu'il allait en être de même. Il serra le Digitama contre lui.

Au début, Zhuang ne comptait pas s'éloigner du camp improvisé, mais au fur et à mesure qu'il marchait, une nouvelle partie de la forêt se dévoilait. Ce fut quand il décida de faire demi-tour qu'il l'entendit... le bruit de l'eau. Sans hésiter, il le suivit. Après tout, il suffisait qu'il retourne en arrière pour trouver son chemin.

Il ne fut pas déçu. Le spectacle qui s'offrait à lui valait le détour. Les rayons du soleil faisait briller les remous de la rivière. Zhuang se rapprocha de la berge et dans les courants clairs, des poissons nageaient avec énergie.

D'une main, il toucha la surface.
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Isao Hanamura
Symbole de la Fiabilité
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Isao Hanamura
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Sam 3 Nov - 0:14

 
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JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS

Troisième jour.
Cela faisait deux nuits, trois jours que j'avais perdu pieds. Que mon univers quotidien s'était effacé comme un rêve et que j'avais sombré dans cet inconnu. La trame du monde s'était déchirée et moi avec elle. J'avais croisé la route d'une jeune geek qui venait aussi de la Terre ; mais pas du même pays. J'avais hérité d'un appareil qui me donnait des informations sur mon environnement, et d'un oeuf que j'avais laissé derrière moi par accident, poursuivi par un Digimon enragé. Et puis j'avais rencontré Eru et ses gardiennes, et on m'avait bien fait comprendre que ma survie ne dépendait que de moi, de notre mission et de mon Digimon.
Cette créature supposée sortir de l’œuf, l’œuf que j'avais perdu.

Mon téléphone ne marchait plus. Rien ne marchait plus. Le deuxième jour, je l'avais passé à errer à la recherche de mon œuf. Je sais que j'ai l'air d'un petit maigrichon ; que d'être dans cet environnement hostile sans même des lingettes pour une toilette basique me mettait les nerfs en compote ; mais ma vie dépendait de cet être et j'ai tout donné pour le retrouver. J'ai essayé de ratisser la forêt à partir du temple ; je me suis caché quand mon appareil me signalait des Digimons hostiles ; j'ai même pris sur moi pour en interroger un qui semblait plus inoffensif que la moyenne. En vain. Peut être que mon compagnon avait fini dévoré par une bête plus grande. Et c'était sans doute le sort qui m'attendais à mon tour.

J'étais épuisé ; je n'osais pas toucher aux fruits qui pendaient par grappes gluantes des arbres, attirant des sortes de papillons géants. Désœuvré, je pianotais le Digivice, mais s'il y avait eu un GPS relié à mon Digimon, Eru me l'aurait dit. Je n'osais pas m'arrêter, mais j'avais peur, en m'enfonçant davantage dans les bois, de ne plus retrouver mon chemin. Ce n'était pas comme si j'avais eu un endroit où retourner ; mais enfin, je connaissais le Temple, et si je pouvais retrouver la clairière où je m'étais réveillé...
Le crépuscule tomba plus vite que je ne l'aurais cru sous la frondaison des arbres. Les ombres s'épaissirent vite et l'humidité monta du sol. Quand on est dehors longtemps, on finit par se refroidir, même si la température n'est pas basse. Je continuais à marcher car dès que je m'arrêtais, après quelque minutes, je me mettais à grelotter de faim, de fatigue et de froid.
Et si je m'endormais et que je me faisais piétiner, enlever, bouffer ? Je finis par chanceler, à bouts de forces, en haut d'un coteau. Je m'accroupis, les mains désespérément vides. Tout était dégradé de gris ; une forte odeur d'humus montait du sol. Je me mis à sangloter.
Je n'avais pas trouvé mon Digimon. Cela faisait deux jours. Quelles étaient les chances pour qu'il soit vivant ? Que je le retrouve dans cette forêt dont je ne connaissais pas les limites ?
J'avais eu une chance. Une petite chance de m'en sortir. Et je l'avais laissée passer comme un idiot. Pourquoi il avait fallut que je lâche cet œuf ?
Après un moment, je me redressais en trébuchant, et m'avançais jusqu'à la pente. Ce pan était à l'abri du vent et moins humide. Incapable de faire un pas de plus, je roulais à même le sol et je ramassais les feuilles mortes pour m'en couvrir comme d'une misérable couverture.

Je ne saurais pas dire si j'avais dormi ; il me semble que mes yeux ne cessaient de s'ouvrir tout grand au moindre grognement qui montait des ténèbres ; je tremblais de froid et mes membres s'engourdissaient, me forçant à changer de position encore et encore.
Quand le soleil se leva, pourtant, je trouvais quelque part l'énergie de me remettre sur mes pieds. Mon estomac avait cessé de gronder depuis des heures... il se recroquevillait maintenant en petits nœuds et j'étais persuadé qu'il avait commencé à se digérer lui même.
Je me sentais hagard, errant au travers d'un brouillard d'épuisement ; mais le désespoir n'était plus qu'un lointain grondement en marge de ma conscience. Quelque part, mon corps avait pris le relai, et les pensées qui me venaient concernaient uniquement ma survie. Je ne me morfondais pas ; j'avais si faim que tout commençait à me paraître comestible. Mais un reste de bon sens m'avertit. Au Japon, il y beaucoup de choses toxiques qui poussent dans la forêt. A plus forte raison ici où la jungle chatoyait de couleurs improbables... Dans la nature, ce qui ressemble à un bonbon, c'est du poison ! Je m'acheminais donc vers un endroit où les broussailles étaient traversées d'un sentier qui, chez moi, aurait semblé indiquer le passage de sangliers ou d'un ours. Je me postais ainsi à l'affut, caché derrière un bosquet, jusqu'à ce que deux Digimons empruntent le passage. Je n'aurais pas été en état de fuir si nécessaire, alors je restais discret et les suivis à distance pendant un moment.
Mes efforts furent récompensés quand je les vis s'arrêter près de buissons où poussaient des sortes d'agrumes et en faire leur petit déjeuner. Dès qu'ils eurent disparu entre les arbres je me précipitais pour me substanter.

Cela me redonna quelques forces. Je considérais ma situation dans ce sombre calme qui s'était emparé de moi. Je tenterais encore de retrouver mon Digimon aujourd'hui ; si je n'y parvenais pas je considèrerai que l'oeuf ou le bébé étaient morts. Dans ce cas, il fallait absolument que je trouve d'autres survivants qui avaient atterri dans ce monde. Eru les aurait doté de Digimons. Je devais pouvoir me rendre utile et mériter ainsi la protection d'un groupe. Si je restai seul... Je ne donnais pas cher de ma peau. Mais je suivrais alors le conseil d'Eru et me tournerai vers les habitants de ce monde pour m'aider, et comprendre comment me débrouiller. L'espèce de chat qui m'avait sauvé le premier jour, ainsi que les deux filles qui n'étaient pas humaines étaient assez amicaux. Il était temps que j'accepte la réalité de ce qui m'entourait et que je m'adapte. J'étais sûr d'un truc, je ne voulais pas crever.

Et c'est comme ça que je suivis le bruit de l'eau pour arriver près d'un cours d'eau. La rivière était assez large et semée de pierres blanches parfaites pour lézarder au soleil - ce que je ne faisais jamais, ça fait trop populaire - et cela glougloutait d'un air engageant. Pas de fort courant, et je pouvais voir le fond. Je m'accroupis pour boire, tout en me disant que c'était une connerie et que je risquais de tomber malade ; mais je ne pouvais pas non plus me laisser mourir de soif. Je me rinçais la bouche. Puis je retirais mes vêtements, ne supportant plus de sentir le tissu de ma chemise coller à ma peau. Je devinais que je commençais à empester, et ça me donnait la chair de poule tant cet état me répugnait. Bientôt j'étais nu comme un vers, et je m'avançais en poussant un petit cri de protestation, chevilles dans l'eau froide. Je commençais par frotter mon slip entre deux cailloux, le rinçant encore et encore et encore pour le laisser finalement sécher sur une grosse pierre. J'aurais bien fait une pseudo lessive du reste mais je doutais que ce soit efficace.
La propreté passait avant mon confort. Je n'avais rien pour faire ça correctement ; alors je me contentais de frotter vigoureusement mon corps et de laisser l'eau courante enlever le gros de la crasse. Ma peau blanche était marbrée, griffée de rouge partout où mes ongles avaient gratté. Je n'avais pas de savon et j'avais beau faire, je me sentais toujours sale. J'étais là, claquant des dents et accroupi à quelques mètres de la berge, quand j'entendis un bruit et tournai brusquement la tête.


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Zhuang Li
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Zhuang Li
Symbole de l'Espoir
Sam 3 Nov - 14:24
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
La fraîcheur de l'eau le surprit et il faillit retirer sa main. Toutefois, la curiosité était trop forte et sa peau perça l'onde pure. Plus il enfonçait son bras, plus il pouvait sentir le courant lui caressa les doigts et Zhuang rit. Il lui fallut un peu de temps mais sa paume rencontra enfin les galets parsemant le lit de la rivière. L'enfant remonta son coude, tenant au creux de sa main quelques pierres polies. Avec attention, il les observait briller sous les rayons doux. Puis, il écarta ses doigts, les laissant couler en un petit bruit d'eau.

Sa manche gauche était trempée jusqu'à l'épaule mais il ne prit même pas la peine de retirer son t-shirt. Ses yeux sombres avaient ce scintillement bleuté si particulier.

Un peu plus loin, une carpe sauta bruyamment hors de l'onde. Zhuang en couina d'exaltation.

Cela n'avait rien à voir avec la Yongding. Le grand cours d'eau traversant Beijing était gris, malodorant et Zhuang n'y avait jamais aperçu de poisson. Une idée lui traversa l'esprit et il se pencha pour boire à même la rivière. Il ne releva la tête que lorsqu'il fut complètement désaltéré. Lui qui croyait que l'eau potable ne sortait que des robinets et des bouteilles en plastique ! C'était dans ce genre de situation qu'il se rendait compte que la Chine était loin...

L'enfant inspira. Il se laissa tomber sur le côté. L'herbe était légèrement humide mais le beau temps la réchauffait doucement.

Soudain, un mouvement attira son regard : une masse sombre nageait tout près et cela ne ressemblait en rien à un poisson ! Néanmoins, l'enfant n'arrivait à pas distinguer parfaitement l'apparence de la bête. Les rayons l'éblouissaient et l'eau filant ne facilitait pas la tâche. Alors, porté par la légèreté de l'instant, il s'allongea dans l'herbe, inspira profondément et plongea sa tête dans l'eau ! Ses paupières s'ouvrirent en grand.
La première chose qu'il vit furent deux yeux verts...

Ils restèrent à se dévisager quelques secondes puis d'un bref mouvement de nageoires, le Digimon s'approcha. Sa truffe se frotta contre le bout du nez de Zhuang qui laissa échapper un nuage de bulles. Le petit garçon tenta de reproduire le geste mais il dû rapidement reprendre son souffle. L'eau coulait dans son cou et sur ses vêtements. Il n'essuya même pas les gouttes dans ses yeux, gonflant ses joues pour replonger mais le Digimon s'était déjà éloigné du bord.

Hé ! Reviens !
rit Zhuang, qui se mit à lui courir après.

Malheureusement, le Digimon nageait vite en plus d'être poussé par le courant et le petit garçon ne put pas tenir longtemps la cadence. En plus, son œuf le ralentissait ! Mais, ce qui le stoppa net fut lorsqu'il tomba presque nez-à-nez avec une jeune fille. L'enfant fronça les sourcils. La demoiselle était nue et très occupée à se laver. Sans aucune gêne, visiblement. Zhuang se rapprocha.

Tu sais qu'il n'y a que les pervers à se baigner dans la nature ?

Il fit une petite moue stoïque avant de montrer l'eau.

En plus je n'irais pas là dedans, j'ai vu des Digimons y nager.

C'était vrai, bien sûr, mais on ne pouvait pas dire que le spécimen qu'il avait croisé était ce qu'il y avait de plus dangereux...
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Isao Hanamura
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Isao Hanamura
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Jeu 8 Nov - 23:31

 
500 mots
JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS

Le son que j'avais entendu était une voix ; et un coup d'oeil en arrière m'appris qu'elle provenait d'un être humain.
Je n'eus pas vraiment le temps de l'examiner (mais un instant me suffit pour voir qu'il était minuscule) ; je plongeais aussitôt dans l'eau jusqu'aux hanches, accroupi pour dissimuler ma nudité.
Les paroles ne firent qu'accroître ma gène et ma confusion ; ce petit lutin malveillant qui s'approchait se moquait de moi. Il n'y a que les pervers qui se baignent dans la nature, avait-il dit, et ma peau rendue encore plus blafarde par le froid vif de l'eau prit une teinte pivoine sous le casque noir et humide de ma chevelure.
Par réflexe, je serrais mes bras en croix contre mon torse, me rendant seulement compte que je grelottais. J'étais plus pudique que ma famille, même que ces Australiens venus envahir mon chez-moi ; ils prenaient garde à ne pas se balader en tenue d'Adam parce qu'ils savaient que ça m'indisposait, mais Kazuo, qui était habitué au bush plutôt qu'aux normes sociales, n'avait à l'origine aucune gêne vis à vis de son corps et du regard des autres. Quant à moi, je n'aurais pas dû me senti mal à l'aise face à des garçons - surtout dans mon pays où la pratique du bain public est universelle... Mais rien n'y faisait, je détestais me dénuder devant quelqu'un et cette manie de me cacher ou de masquer mes attributs d'une serviette m'avait valu bien des moqueries à l'école.
Il y avait quelque chose de décalé à se soucier de ça dans mon état de fatigue. Je regardais cette demi-portion (un gamin qui paraissait plus jeune que moi de plusieurs années) avec ahurissement. Je n'avais rencontré personne depuis la geekette et ces apparitions semblaient tout aussi irréelles que ce décor. Trop de contraste. Après quelques secondes où je le fixais en chien de faïence, clignant des yeux pour m'assurer qu'il était bien réel, je protestais en frissonnant, mal à l'aise :
"Je suis pas un pervers, je suis juste en train de me laver..." Me pinçant les lèvres, je le dévisageais : un regard mobile et curieux, des vêtements de gosse, la petite bouille d'asiatique d'un enfant qui aurait été mignon si il n'avait pas eu l'air aussi peste.
Sa seconde réflexion me poussa à me retourner pour fixer l'eau d'un air méfiant. Ca n'avait pas l'air très profond, mais on n'était sûr de rien...
Sauf que mes vêtements étaient en train de sécher sur la rive et que ce gamin se trouvait juste devant. J'avais de plus en plus froid, il fallait que je prenne une décision... Toujours à croupetons, je m'avançais vers une zone un peu plus sombre où poussaient de larges feuilles rondes qui évoquaient un peu le lotus, mais avec des motifs de pois bleus et une texture curieusement bosselée. Je m'acharnais à en découper une tige - essayant pour autant de ne pas présenter mon postérieur au jeune inconnu. Malheureusement mon cutter était aussi sur la berge et je n'avais pas beaucoup de force et cette plante glissait... tirant de toutes mes forces, je tombais en arrière dans un grand éclaboussement qui ne sut masquer le rire moqueur qui retentit aussitôt.
Je me relevais, de mauvaise humeur, la feuille entre les mains. Elle était assez grande pour cacher la moitié de mon corps et muni de ce paravent (qui était le pervers, moi ou ce gosse qui ne détournait même pas les yeux ?!) je m'avançais vers lui, pour récupérer mes affaires.
"Il n'y a pas assez de fond et s'il y avait des Digimons je les aurais vus." déclarai-je d'une voix sèche, plus pour lui couper le caquet que parce que j'étais sûr de ce que j'avançais.
Nouveau dilemme : mon caleçon n'était pas sec et je n'avais rien pour me sécher moi-même. Je pouvais attendre au soleil - c'était le plan initial mais il n'était pas sensé y avoir un spectateur - sans autre solution, je repliais donc mes jambes maigres sous moi, me masquant autant que possible derrière mon nénuphar, très mal à l'aise et restait tourné vers ce nouveau Disparu.
"Je m'appelle Isao Hanamura, je viens du Japon. Tu sais où nous sommes ? Ce qu'on fait là ?"
J'adoptais un ton un peu condescendant comme quand on s'adresse à un kohai de plusieurs années inférieur. Il était plus jeune que moi et il fallait que je le renseigne sur ce monde et ces dangers... Je sentais que ça n'allait pas être une mince affaire.

A ce moment, mon regard tomba sur l'oeuf qu'il portait et mes yeux minces s’étrécirent.


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Zhuang Li
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Zhuang Li
Symbole de l'Espoir
Ven 9 Nov - 23:16
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
Il ne fallut pas attendre longtemps pour que la jeune fille réagisse à la présence étrangère. A peine s'était-il révélé au grand jour qu'elle tourna en sa direction, ses grands yeux hagards. D'un bloc, elle s'immergea jusqu'au chef, ne laissant dépasser que son visage écarlate. Ses cheveux corbeau s'étalaient à la surface de l'eau, à la manière d'un rideau obscure de plante aquatique.

Un sourire narquois fleurit sur les lèvres de Zhuang. Comme il aimait les voir, tous ces gens, paniquer. Leurs réactions étaient grandioses ! Ils tentaient toujours de se trouver des excuses, baragouinant des paroles sans queue ni tête. Pareille aux autres, l'inconnue prétexta d'une voix froide le simple souhait d'être propre. Le petit garçon haussa les épaules comme toute réponse.

Il ne doutait pas que certains aurait trouvé les formes de la jeune inconnue tout à fait agréables mais la beauté de la gente féminine lui passait bien au dessus... Pour lui, les filles ne se résumaient qu'à deux choses : des casse-bonbons gloussants et des idiotes sans humour. Sans parler de leur manie à toujours épier les garçons dans les cours de récréation et leur goût prononcé pour le rose. Zhuang nota tout de même que celle-ci semblait plus âgée que la plupart des gamines fréquentant son collège. Cependant, cela ne la dispensait pas d'être classée dans la catégorie "à éviter".
Après tout c'était une exhibitionniste...

Deux yeux en amande le foudroyaient sur place comme s'ils cherchaient à le décortiquant jusqu'au moindre détail. Il le lui rendit avec plus de douceur et de moquerie.

Aucun d'eux n'esquissait le moindre geste. Elle, sans aucun doute trop gênée d'avoir été pris la main dans le sac tandis que Zhuang restait immobile, guettant les prochains mouvements de l'adolescente. Toutefois, son regard aux teintes azurées tomba sur la pile de vêtement qui traînaient à quelques pas de lui et, il profita que la jeune fille brise le contact visuel pour, insolemment, s'en rapprocher. Ses semelles effleurèrent presque la chemise blanche.

Bien entendu, l'inconnue n'avait pas remarqué le petit manège du plus jeune trop occupée à jeter des coups d’œil inquiets à l'onde. Elle finit par se déplacer, toujours accroupie, avec l’élégance d'un canard jusqu'à la berge. Zhuang cligna des yeux, l'étonnement non dissimulé sur son visage, en la voyant s'éloigner.
Il crû un instant qu'elle allait s'en aller sans se revêtir mais heureusement, elle alla se réfugier parmi de larges feuilles d'eau douce. Usant de ses mains fragiles aux ongles trop courts et d'une force visiblement inexistante, l'inconnue tentait vainement de couper un végétal sous le regard médusé du petit garçon. Ce dernier se pencha sur le côté pour mieux l'observer...

Qu'est-ce qu'elle fait ?
se demanda t-il.

La plante s'agitait sous les à-coups des assauts répétés. Une fois, deux fois, trois fois, et enfin, la tige céda avec un bruit mou... suivi d'un éclaboussement retentissant.

Zhuang hurla de rire.

Honteuse, l'inconnue se releva, trempée de la tête aux pieds. Ses cheveux voilaient ses yeux et elle n'avait comme seule protection la feuille qu'elle avait si durement lutté pour acquérir. Elle sortit de l'eau et s'approcha pour reprendre ses habits répondant sèchement à l'enfant au passage. Zhuang ouvrit la bouche pour répliquer. Cependant, malgré son souhait d'avoir le dernier mot, il ne trouvait aucune répartie qui pouvait lui faire gagner l'argument. Après tout, le petit Digimon blanc était parti depuis longtemps.

Aucune idée. Pas en Chine, ça c'est sûr.
dit-il en soufflant.
Je sais... qu'il y a plein de monstres trop cool !

Il réfléchit mais il n'en savait pas plus sur son environnement. Ça ne le dérangeait pas... Il s'amusait bien. Aiden lui donnait des fruits et Ruby voulait bien jouer avec lui. Contrairement à cette Isao qui adoptait un ton que l'enfant n'appréciait pas. Alors, papillonnant des paupières, il demanda innocemment :

Tu ne te rhabilles pas ?

Mais rapidement, une autre question germa dans son esprit enfantin.

Où est ton Digimon ? Le mien est encore un œuf mais j'espère qu'il naîtra vite !
déclara t-il en lui montrant le Digitama du bout des bras.
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Isao Hanamura
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Isao Hanamura
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Sam 10 Nov - 10:52

 
500 mots
JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS

J'avais pris pied sur la rive, dégoulinant et tremblant, et l'air me paraissait presque tiède en comparaison de l'eau.
Ce n'est qu'un gamin, essayais-je de me convaincre, quelle importance s'il te voit nu ? A cet âge tout le monde prend son bain en famille... Toujours est-il que ce genre de situation me rend nerveux, et que je n'avais guère de contrôle sur mon apparence.
Le jeune inconnu me répondit d'un ton léger, badin, avouant son ignorance sans que cela semble le perturber outre mesure. Apparemment, il venait de Chine... Je n'avais jamais parlé à un Chinois et je l'observais plus attentivement, moitié curieux, moitié méfiant. Même si son jean était déchiré au genou, il portait des vêtements d'excellente qualité. J'en admirais la facture sinon le style. On était loin de la contrefaçon tant décriée. Ses chaussures par contre... Si je ne me trompais pas, c'étaient des diodes qu'on distinguait dans la transparence du talon, le genre de tennis néons qui s'allument... qui devaient être à la mode il y a un demi-siècle... Ugh. Les enfants et leur goût pour les trucs brillants et colorés.
Plutôt rond, bien nourri, il était vraiment tout petit et m'arrivait à la moitié du torse. Ses cheveux noirs paraissaient encore propres et brillants, et un sourire semblait sans cesse sur le point de glisser sur sa figure espiègle comme un rayon de soleil voilé de légers nuages.
A ce sujet, le ciel couvert semblait se dégager un peu ce jour là et des nuées se déplaçaient à grande vitesse au dessus de nous, lançant de vastes ombres et de soudaines trouées de lumière sur la forêt humide qui nous entourait.
Une telle éclaircie nous nimba d'un liseré d'or, et dans la clarté soudaine je soupirais d'aise, le soleil réchauffant ma frêle carcasse gelée. Quand on a aussi peu de graisse que moi, c'est dur de maintenir la chaleur.

Je me hissai sur une grande pierre arrondie par les crues, à côté de celles où se trouvaient mes vêtements, et assis en tailleur avec élégance, posais la feuille sur mes genoux.
Au moins, il ne semblait pas y avoir de risque de le paniquer. Je me demandais si j'étais le seul être humain à être choqué de ce qui s'était produit. Évidemment, les détails que j'avais obtenus d'Eru n'avaient fait qu'accroitre mon trouble.
"Ces monstres sont peut-être "cools" mais ils sont aussi dangereux ! Certains sont hostiles et pourraient réduire en poussière un minus comme toi en moins de deux secondes..." reniflais-je avec hauteur. Je voulais cependant le renseigner et je secouais la tête avec agacement, avant de m'éclaircir la voix. "Disons que ce lieu s'appelle le Digiworld. D'après ce que j'ai pu réunir comme informations pour le moment, c'est une autre dimension qui fonctionne un peu comme un programme informatique... La technologie de notre monde a créé des interférences, et puis... une collision."
Je m'interrompais pour essorer mes cheveux. Je tenais à exposer mon savoir, un moyen de me mettre en avant et de lui montrer que je n'étais pas juste un nudiste maigrelet et perdu au milieu de l'inconnu.
"Ça a ouvert une brèche. Et toi, et moi, et d'autres gens avons été aspirés par ce trou dans la réalité, et certains ont survécu au voyage et se sont crashés ici."
Je rouvrais mes yeux métalliques pour le fixer d'un air grave. Fraichement débarqué, il paraissait complètement inconscient du sérieux de la situation. "Ce monde est en train de sombrer dans le chaos, et l'entité qui le dirigeait, Eru, une sorte de déesse, essaye de maintenir le statu-quo mais a perdu la majorité de ses pouvoirs. Elle nous a donc confié la mission de rétablir l'équilibre à sa place pour pouvoir rentrer chez nous."
Même prononcée avec ma voix douce et basse, ça paraissait complètement fou, cette histoire. J'avais bien d'autres choses à ajouter, et je réfrénai mon propre scepticisme, pour voir d'abord comment le garçon allait réagir.

Comme il me demandait pourquoi je ne me rhabillais pas, je me fendis d'un "Je mettrai mes vêtements quand je serai sec..."
Ce qui n'allait pas tarder, heureusement. J'étais simplement dépité de ne pas avoir de quoi me changer. Si je survivais assez longtemps, j'allais sûrement devoir m'habituer à faire ma lessive dans cette tenue indécente... Et ce, si je trouvais quelque chose comme du savon.
Ma vie en dépendait.

Sa remarque me déstabilisa, car je ne l'imaginais pas si au courant. Il avait pu discuter avec des Digimons, ou bien avec d'autres disparus ?
"Tu as croisé des gens ?" l'interrogeais-je avec une certaine excitation, ignorant sa question. "Avec des Digimons ?"
Je jetai un coup d'oeil à l'orée de la forêt, à l'eau riante et aux libellules dont les ailes faisaient des éclats brillants dans l'atmosphère matinale, toute irisée de la brume qui se dissipait, comme si des semblables allaient soudain apparaître et me soulager de ma solitude.
Malgré tout mon embarras, il était réconfortant d'avoir enfin quelqu'un à qui parler.



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Zhuang Li
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Zhuang Li
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Sam 10 Nov - 21:08
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
Elle se jucha sur un promontoire rocheux avec l'élégance de ceux qui se sentent pousser des ailes. Son visage portait encore les traits doux d'une enfance à peine évanouie tandis que sa peau laiteuse, vêtue de ces fines gouttelettes de rivière, scintillait à la lumière de ce monde inconnu dont Zhuang ne connaissait même pas le nom. Elle le gardait dans le coin de son champ de vision. La tête penchée dévoilait sa gorge alors que ses genoux repliés, doublés de son pagne végétal recouvraient son entre-jambe d'une ombre discrète... Le court des nuages laissa filer une raie de clarté, projetant sur ses courbes un filtre angélique.  

Zhuang la trouvait repoussante.

Visiblement peu convaincue par les exclamations joyeuses de l'enfant, elle le reprit. A la manière de ces adultes qui se bourrent la cervelle de tracas sans importance, elle voulait couper court à ses désillusions, le ramener sur terre. Zhuang gonfla les joues, reprenant son Digitama contre sa poitrine, se réconfortant de sa présence. L’œuf était la preuve que cette expérience était inoubliable. Qu'importe ce que cette perverse pouvait déblatérer, il ne se laissera pas aller à la peur. Ce rêve ne s'arrêterait pas ainsi !  

Néanmoins, alors qu'il s'attendait à des explications insipides. Son visage s'éclaira.

C'est trop bien ! C'est comme un jeu vidéo où l'on est les héros !

Ainsi, il ramassa une branche qui traînait sur la berge, la brandit à la manière d'une épée et commença à donner de grands coups dans le buisson le plus proche en imitant les onomatopées de sabre laser. Les feuilles volaient en tout sens et les assauts couvrirent la voix de la spectatrice. Cependant, Zhuang dû mettre fin à sa petite démonstration d'escrime quand son arme se coinça dans la végétation. Il tira sur l'extrémité qui lui restait mais décida d'abandonner, se plaçant devant le buisson pour dissimuler sa misérable défaite.

Il baissa la tête, se balançant sur les pointes, puis sur les talons dans un va-et-vient régulier.

Je n'ai rencontré qu'Aiden... Lui et Ruby sont vraiment supers.
avoua t-il, l'admiration apparente dans sa voix.

Cela lui redonna le sourire. Cette expression moins moqueuse et tellement plus enfantine. Toutefois, il ne voulait pas en révélé davantage. L'adulte et le dragon étaient ses amis. Le petit garçon ne souhaitait pas que Isao se mêle au groupe.  

Ils m'ont aidé à trouver son nom.
ajouta t-il quand même, en tapotant la coquille entre ses mains avec fierté.
Ce sera Wulong !

Et moéééééééé, c'est Keramon !

Le petit garçon recula brusquement. Une grosse tête venait de percer l'onde et les fixait de ses grands yeux. Elle ressemblait à un ballon de baudruche grossièrement peint et arborait un sourire inquiétant... La tension entre le trio était palpable. Aucun ne paraissait savoir quelle attitude afficher mais brusquement, à une vitesse déconcertante, le Digimon jaillit de la rivière, éclaboussant les deux humains avec ses grandes antennes au passage, et se jeta sur Isao, la prenant par les épaules.

Mon uhmaaaaan ! Je t'ai cherché si longtemps !

Encore sous l'effet de la stupeur, Zhuang ne pouvait qu'observer cette scène étrange... Un peu hésitant, il sortit son Digivice pour visualiser les données concernant Keramon. Ce dernier semblait si heureux de retrouver la jeune fille que le petit garçon finit par esquisser un petit sourire en coin.
Puis, ses yeux tombèrent sur le bas-ventre d'Isao...

Mais tu es un garçon !
s'écria t-il, montrant la zone que la feuille avait laissé apparaître à l'instant où la créature avait bondit sur sa proie.
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Isao Hanamura
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Isao Hanamura
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Sam 24 Nov - 14:32

 
500 mots
JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS

Faisant suite à mon discours, l’enfant s’écria avec enthousiasme qu’on aurait dit un jeu vidéo dont on serait les héros, et se mit à frapper les broussailles d’un bâton découvert, avec le contentement et la hargne qu’ont les gamins qui font s’envoler un grand groupe de pigeons par le lourd piétinement de leur course. Je le suivai des yeux avec agacement, et peut-être une pointe d’envie pour cette absence de peur qui semblait le caractériser. Trop réfléchir, avoir une prescience des conséquences qui nous enchaînent au devenir du monde, cette maturité de pensée qui me caractérisait depuis mon enfance, je me drapais fièrement dedans, mais une partie de moi haïssait secrètement tous ces jeunes qui vaquaient aux préoccupations de leur âge, immatures et superficiels, et j’aurais voulu pouvoir sourire et m’amuser avec la spontanéité de cet enfant. Plus jeune, quand je m’échappais pour aller explorer la montagne derrière la ville, j’avais joué comme ça moi aussi, j’avais inventé mille contes et aventures, mais seulement quand j’étais seul, seulement à l’abri du regard des autres.

Sur le moment pourtant seul mon énervement m’était perceptible, ainsi que l’anxiété qui sourdait du bas de mon ventre, ce mélange de faim, de froid, de saleté à peine réduite par mon bain, d’inconfort qui m’avertissait que ma survie précaire, ici, se jouait à un fil. Et je suivais des yeux l’oeuf, qu’il gardait toujours précieusement sous son bras, cet oeuf qui était la copie conforme de celui que j’avais perdu, qui me rattachait à la vie, qui était ma seule chance de m’en sortir dans un environnement hostile.
Quand son arme improvisée fut stoppée et arrachée par l’adversaire buissonnant, un mince sourire moqueur déforma mes lèvres, vite dissimulé lorsque l’enfant se retourna vers moi. Déjà mon esprit examinait mes options, furtif et calculateur, supporter ce morveux ennuyant, devoir m’attirer ses bonnes grâces pour profiter de son aide et de l’éventuelle protection que m’apporterait la présence de son Digimon… Ou bien, ou bien…

Voilà qu’il me parlait d’Aiden et de Ruby (l’un des deux un Digimon, je présumais) avec une sympathie sincère, attention virevoltante de petit papillon fugace et rieur, battement d’aile, boudeur, mille couleurs comme mille humeurs faisant chatoyer ses grands yeux, joueur, inconséquent petit enfant que je songeais à tromper, pousser, voler et priver de son trésor.

Oui, ma sournoiserie me menait jusque là, à convoiter l’oeuf embrassé contre son coeur, car quelles étaient mes chances, dans cet immense espace, de retrouver le mien, si par miracle il n’avait pas été détruit, volé, abattu par un être plus gros et puissant que le bébé qui devrait en sortir ? Même s’il était en vie, il était sans nul doute perdu, perdu à jamais. J’étais démuni et me retrouver sans défense, inférieur à quelque humain qui croiserait ma route, dépendant des autres, c’était plus que je n’en pouvais supporter. Si je devais lécher les bottes de personnes comme Lauren ou ce microbe… Je ne faisais aucune confiance à mon espèce. Les Digimons étaient un danger, mais être à la merci des gens… Cela, je ne le supporterais plus, plus jamais.

C’est lui ou moi. Voilà ce que je pensais. N’importe qui agirait de même dans ces circonstances. Si on meurt de faim, qui donc sacrifierait sa pitance pour un inconnu ? Si tu vis une guerre, que les ennemis sont à ta porte et qu’il n’y a qu’une arme pour se défendre, est-ce que tu ne vas pas te battre pour la saisir ? Nous n’étions pas dans un jeu vidéo, voulais-je crier à l’enfant, le secouer pour le sortir de ses doux rêves, et surtout, nous n’étions pas des héros.

Pardonne-moi, pardonne-moi, nous ne sommes pas des héros.

Ils m'ont aidé à trouver son nom. Ce sera Wulong !
J’avais déjà dans l’esprit des images - je n’étais pas très fort, mais plus grand que ce moucheron, et au besoin, j’avais un cutter, même si l’idée de menacer quelqu’un de cette lame me nouait la gorge - le pousser, le saisir, et fuir, ce serait le plus simple, et je grinçais des dents à le voir materner et nommer cet être à venir. Le soleil rebondissait sur la coquille et venait éclairer son visage par en bas comme l’éclat d’un bouton d’or ; la joie sincère qui illuminait ses traits me comprimait le coeur.

Moi, je n’avais pas un instant songé à nommer mon Digimon. Il était un outil que j’avais perdu, une pièce manquante, je n’avais pas d’affection, juste un besoin primordial de sa présence, un sourd ressentiment d’avoir été trahi, privé de ce qui me revenait de droit, spolié.

Et je voulais, en retour, prendre le coeur de cet enfant, ce petit être pas même né que déjà il chérissait, que déjà il nommait, nourrissait de ses rêves innocents et fanfarons.

Je lui volerai son avenir.

Je sentais ma résolution fléchir - cet enfant que je n’aimais pas, ce sale gosse si différent de moi - je l’observais avec toute l’acuité de mes yeux gris, lui incapable de deviner les sombres ruminations qui m’agitaient. Je n’avais qu’à m’habiller, lui sourire, lui parler un peu, détourner son attention en lui promettant quelque aventure, quelque mensonge susceptible de faire éclore l’oeuf, et m’en emparer, et l’abandonner.
A son sort.
Il ne survivrait pas trois jours.
Mais moi j’aurais une chance, moi j’aurais une arme, moi j’aurais mon compagnon. Je n’errerais plus seul et sans espoir dans ce monde inconnu.

Et une expression douloureuse fit chavirer mes lèvres, de tout le poids de mes ténèbres qui tirait les coins vers le bas, dans une grimace de désespoir qui portait le nom de sourire. Il semblait si inconscient. Du danger qui le guettait. De sa propre fragilité. De la mocheté de ce monde.


Je ne pouvais pas le faire.


Humidité dans mes yeux. Personne ne verrait, personne ne saurait. J’avais trop de fantômes. Ma vie ne valait pas ce prix.


C’est alors que je me torturais de la sorte qu’un cri soudain me fit sursauter, venant de la rivière.

Et moéééééééé, c'est Keramon !

La chose qui émergeait de l’eau - ainsi le gosse avait eu raison - avait des yeux curieusement penchés, de longues antennes déchiquetées et un sourire beaucoup, beaucoup trop large. On aurait vaguement dit une tête de clown, avec des petites dents pointues en surnombre. Je me redressais, sur la défensive, particulièrement vulnérable dans ma tenue. C’était le pire moment pour se faire attaquer et je jetais mes yeux sur mes affaires, prêt à les saisir pour fuir.
Avant que je puisse réagir, Keramon était sur moi. Je poussais un cri de protestation et ma voix qui muait se perdit en grincement. A peine le temps de voir surgir les lambeaux de sa robe et les mains d’épouvantail, longues choses griffues toutes droites sorties d’un cauchemar - sur moi, sur ma peau nue, si proche de ma gorge…

Je tombais en arrière, me rattrapant sur le cailloux glissant - quelques écorchures de plus - mes yeux écarquillés, livide de peur soudaine.

“Lâche-moi !” couinais-je, et je luttais pour l’écarter, quand ses paroles suivantes me figèrent sur place.

”Mon uhmaaaaan ! Je t'ai cherché si longtemps !”

Se pourrait-il que… ?

Mon coeur battait la chamade et la créature se cramponnait à moi avec d’autant plus de force, pas très lourde malgré sa taille ; on aurait dit qu’elle était plus tissu que chair, et le rictus se collait à moi comme pour m’engloutir - une telle bouche l’aurait pu, si tel était son désir. On aurait dit… Oui, le Digimon me serrait dans ses longs bras comme pour me faire un câlin.
C’était répugnant, ces voiles frémissant de vie comme les tentacules d’une méduse qui glissaient le long de mon torse, contre ma cuisse - je détestais le contact physique et ce truc horrible type poupée vaudou me palpait à présent comme pour attester de la réalité de mon corps, comme s’il n’avait jamais vu d’humain et se tenait à moi dans un mélange de curiosité et d’amour caricatural.
“Aah… je… tu…”

Je ne trouvais pas les mots, la peur ne me lâchant pas malgré l’espoir qui naissait en moi. J’étais abasourdi et je persistais à le repousser mais je n’arrivais pas à lui faire lâcher prise.

“J’ai trouvé un uhmaaan, mon uhmaaain à moéé…” se mit à chantonner le Digimon en me saisissant les bras pour me relever ; il flottait curieusement sur ses “jambes” de tissu, et je suivis le mouvement, médusé. Aussitôt, la chose m’entraînait dans une sorte de valse trébuchante, me serrant les poignets si fort que j’en garderai des marques rouges. La petite ritournelle qui lui échappait était aussi aigrelette que glaçante.

“Tu es mon uhmaaan, reste avec moééé, avec moééé, pour toujours…”
J’allais demander de l’aide au gamin qui nous fixait avec stupéfaction dans cette scène grotesque, quand le cri qui lui échappa brisa le sortilège.

J’étais à poil, bon sang, je ne pouvais pas rester comme ça ! Le rouge envahit mes joues et je me mis à crier : “Tu es mon Digimon, alors tu vas faire ce que je te dis ! Lâche-moi !” Et je dégageais mes poignets d’un coup sec, et la chose resta flottante à quelques pas, sa grosse tête boursouflée pivotant lentement sur le côté comme elle m’observait, indécise, le sourire figé sur sa gueule béante.

Je fis en un rien de temps la distance qui me séparait de mes vêtements et les enfilais brusquement, indigné par toute cette parade indécente. Je serrais les mains dans mes poches autour de mon cutter et de mon digivice et me retournais vers le Chinois, explosant : “Evidemment que je suis un garçon ! Qu’est-ce que tu croyais !”

Mes yeux réduits à des fentes lui jetaient un air mauvais. J’avais trop été moqué pour mon apparence androgyne pour supporter ce genre de confusion sans indignation. Ma voix, même si ma mue n’était pas finie, était après tout indiscutablement masculine.

Être enfin habillé me procura un surcroit d’assurance. Jusque là, j’avais dû jouer la normalité dans une situation extrêmement embarrassante. Je détestais qu’on voit mon corps, j’étais pudique et haïssais le jugement qu’on porterait sur lui. Mais il valait mieux la cacher, ma honte, ce n’était qu’une faiblesse de plus dont on se servirait contre moi. Et voilà que ce petit chiard me traitait de fille, pensait sérieusement que j’étais une fille, parce que quoi, j’avais les membres frêles et allongés, la peau pâle, le port de tête trop gracieux ? Je savais que je n’avais rien de viril, que je n’étais pas comme les autres, comme Connor, comme mes camarades, mais je n’aimais pas les filles pour autant, et je n’étais pas comme elles, et je n’avais rien à voir avec elles !

Décidément, je ne pouvais pas le voir. Je regardais Keramon, son apparence certes repoussante, mais étonnamment grande, le comparais à l’oeuf. Je n’imaginais pas mon Digimon comme cela, ni qu’il ait pu croître aussi vite, mais je n’allais pas me plaindre. Il devait être plus puissant que les autres, les bébés. Peut-être que la chance me souriait enfin.
“Toaaa et moéé… on va bien s’amuser, tu m’as tellement manquééé, je t’ai tant cherchééé” dansa la créature, et je répondis à son sourire terrifiant par mon sourire un peu fou.
“Moi aussi, je te cherchais… J’étais tellement paniqué d’avoir perdu l’oeuf ! Mais tu as bien grandi ! Tu as l’air très fort !”
La tête tourna comme celle d’une chouette, à un angle impossible, les yeux étincelant de jaune. Avec sa collerette, on aurait dit un fou du roi. “Ouii, ouiii, je suis fort, je vais te protéger, je vais te garder près de moééé, personne ne te toucheraas…”

Et ses bruissants lambeaux s’enroulaient autour de moi, caressants.

Quand je tendais vers lui, je ne ressentais qu’un froid et un vide intense, mais je n’y pris pas garde. Je ne savais rien, alors, du lien qui unissait un Digimon et son maître. Je ne me méfiais pas.

Je me retournais vers le garçon avec enfin un grand sourire triomphant.

“Tu as vu, j’ai retrouvé mon Digimon !” Mon expression un instant émerveillée se durcit. “Je n’ai pas de temps à perdre à traîner avec un petit imbécile qui me traite de fille ! Tu n’as qu’à retourner voir ton Aiden et ton Ruby qui ont l’air si merveilleux, et je n’aurais pas à me coltiner un sale mioche qui ne sait rien à rien !”

Je ne voyais pas le sourire qui s’ouvrait juste derrière ma tête, avide et un brin désespéré, comme prêt à m’engloutir.




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Zhuang Li
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Zhuang Li
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Mer 28 Nov - 0:57
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
Bien entendu que Zhuang pensait que c'était une fille ! Sa bouche se tordit en une petite moue alors que ses yeux sombres ne reflétaient que l'ombre l'indifférence.

Si tu ne veux pas être pris pour une fille, tu n'as pas à être aussi chochotte.
marmonna le petit garçon.

Heureusement, le jeune garçon ne semblait pas avoir entendu sa remarque, trop occupé à se débattre des mains griffues du Digimon. Ce dernier s'était levé et plein d'émotions, virevoltait tel une danseuse étoile. Si au départ, l'humain était plus que répugné par cette attaque surprise, il avait fini par être y entraîné de force. Il était difficile de le croire mais Keramon était beaucoup plus fort que ses bras maigres le laissaient penser !

Zhuang s'approcha. Il n'aimait pas se faire crier dessus et encore moins par un adolescent aussi hautain que Isao mais il aimait encore moins être laissé de côté. Lui aussi voulait s'amuser ! Ses doigts se resserrent sur la coquille grise de son Digitama. Une bouffée de colère enfla dans sa poitrine. Aiden et maintenant Isao ! Quand est-ce que cela allait-il être son tour ! Il ne pouvait pas croire que Isao ait un meilleur Digimon que lui. L'injustice serait trop cruelle !

De son côté, l'autre humain ne se gênait pas pour insister sur la puissance de son nouveau Digimon. Ce dernier n'hésita pas à approuver avec un mouvement à 180° digne d'un jouet. Cela allait parfaitement avec son apparence de poupée de chiffon... Ses pans déchiquetés de tissu flottaient malgré l’inexistence de vent et ses membres étaient repliés pour éviter de traîner sur le sol.
Puis, le jeune garçon sembla se souvenir de la présence de l'autre humain et il se tourna vers lui. Son visage ne se cachait même pas sa condescendance.

Il lui demanda de s'en aller maintenant qu'il n'avait plus besoin de lui, insistant bien sur son inutilité. S'en était trop pour Zhuang ! Isao voulait l'insulter car il le pensait inoffensif ? Il pouvait se mettre le doigt dans l’œil jusqu'au coude !

L'enfant croisa les bras le mieux qu'il put tout en tenant son œuf et il prit inconsciemment un ton plus sérieux abandonnant celui de petit lutin moqueur. On aurait presque pu lui donner son véritable âge...

Ce sera un plaisir, je hais les personnes dans ton genre. De toute façon, ce n'est pas comme si tu allais pouvoir survivre longtemps même avec un Digimon. Tu es pire qu'une fille ! Je paris que dans moins d'une heure Keramon regrettera de t'avoir retrouvé.

Pour finir en beauté, il leva son majeur.
La conversation était close et Zhuang n'avait plus aucune envie de rester avec cette fille manquée. Il tourna les talons bien décidé à explorer la berge dans l'autre sens. Cependant, la haine et l'adrénaline de l'instant furent balayer quand une petite voix grinçante demanda :

Uhman à moé, tu veux que je te montre comment je suis fort ?

Tout d'abord, il y eut cette curiosité enfantine qui lui fit regarder en arrière. Après tout Zhuang était toujours enjoué d'admirer les exploits surnaturels des Digimons. Peut-être que Isao était un sale adolescent qui se croyait déjà adulte mais un pressentiment lui disait qu'il allait assister à un événement impressionnant.  
Un rire éclata et un rayon lumineux le frôla, finissant dans le buisson sur lequel il s'était énervé quelques minutes plus tôt. Le petit garçon ne put que s'exclamer d'étonnement. La plante avait entièrement disparu... De son existence, il ne restait que des feuilles froissées qui se posèrent pelle-mêle sur l'herbe tel son dernier souffle de vie.

Quelle démonstration ! Keramon ne plaisantait pas quand il avait annoncé qu'il était puissant.
Pourtant, il semblait déçu. Zhuang devait se reprendre ! Il n'allait pas montrer à Isao qu'il était impressionné ! Sans rien dire, il se détourna quand soudain, le Digimon lâcha les épaules du jeune garçon aux traits efféminés et tendit ses mains... Ses si longues mains qui se resserrèrent autour des bras de Zhuang avec une délicatesse perverse. Un instant, ils firent penser à l'enfant à des pattes d'araignées. Il les fixa puis tenta de se dégager. Un sentiment de gêne profonde se fit ressentir mais il se força à ne pas faire de commentaire. Keramon n'était pas si désagréable après tout...

Zut, j'ai raté. Ne bouge pas, d'accord ? Ne t'inquiète pas, je mangerai ton Digitama après t'avoir détruit. Comme ça vous serez ensemble !

Le ton sucré aurait presque pu faire vomir Zhuang si ses tripes n'étaient pas tordus par la réalité de la situation. Il grogna, voulu avancer mais les doigts griffus se refermèrent douloureusement sur sa chair. Et là, le Digimon ouvrit sa bouche fendue jusqu'aux pommettes. Si grande, si large qu'on aurait pu croire ces mâchoires brisées... Heureusement qu'il était de dos où il en serait mord d'effroi. Ce sentiment viscéral qui aurait pu faire battre son cœur à tout rompre, tant qu'il pouvait l'entendre jusque dans ses oreilles.

C'est alors que le gouffre sans fond, qu'était l’œsophage du monstre s'élargit derrière sa tête. Il vibrait, parcourut de tressaillements.
Il tenta de riposter mais aucun mot n'arrivait à passer la barrière de ses lèvres blanches. Il voulait le faire arrêter, l'empêcher car cela ne pouvait pas arriver n'est-ce pas ? Malheureusement, il n'était plus maître de son corps.
Cette gorge tremblait de plus en plus fort. Encore, encore.

Et enfin...
Le rire résonna.
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Isao Hanamura
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Isao Hanamura
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Lun 4 Fév - 21:46

 
500 mots
JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS



Ce sera un plaisir, je hais les personnes dans ton genre. De toute façon, ce n'est pas comme si tu allais pouvoir survivre longtemps même avec un Digimon. Imbu et précieux comme tu es ! Je paris que dans moins d'une heure Keramon regrettera de t'avoir retrouvé.
Oh, le gamin avait bien changé, en l'espace d'un instant ! Je restai bouche bée face au doigt d'honneur qu'il m'adressa, une vulgarité qui me fit suffoquer.
Provoqué, je me rengorgeai dans ma pseudo-dignité en mettant sur le coup de la jalousie ses provocations. Je ne voulais pas écouter dans ses mots l'écho de mes propres doutes.
Et puis je n'en avais rien à faire, de cette petite peste. Je n'avais pas besoin de lui ou de son œuf quand j'avais avec moi un Digimon à l'air puissant... dont je ne percevais pas encore toute l'anomalie ou le caractère inquiétant.
Je me retournais vers lui pendant qu'il me proposait de faire une démonstration de sa force, à laquelle j'acquiesçais en croisant mes longs doigts dans l'expectative. Malgré son apparence, il semblait qu'on soit sur la même longueur d'onde lui (était-ce un lui ?) et moi.
Je fus ébahi quand le bouffon ouvrit grand sa gueule et qu'il en sortit un véritable rayon laser, qui désintégra un arbuste, passant non loin du gosse qui avait commencé à s'éloigner, vexé.
Le Digimon fit la moue et attrapa Zhuang avec ses mains immenses au dos desquelles s'ouvraient de grands yeux factices. Surpris par cette initiative, je ne compris pas vraiment ce qu'il faisait. Par une traction de ses bras allongés, il flotta jusqu'à l'enfant et, se penchant vers lui, avec un sourire toujours plus grand, déclara quelques paroles qui ne faisaient pas de sens pour moi. J'observais la scène avec perplexité, épuisé par mes nuits à la belle étoile et l'exaltation soudaine d'avoir un digimon.
"Keramon ?" fis-je à mi-voix en jetant un coup d'oeil à mon Digivice pour me souvenir du nom de la créature.
Devant mes yeux, le sale gosse commençait à se débattre, et j'écarquillais les yeux.
Alors, le Digimon ouvrit grand la bouche. Beaucoup, beaucoup trop grand. Je n'étais pas en face contrairement à sa malheureuse victime, mais c'était une vision digne d'un cauchemar. Mon estomac descendit dans mes talons et une sueur froide me saisit, alors que je refusais d'admettre la réalité de cette scène qui se déroulait sous mes yeux.
Mon digimon allait dévorer un gamin innocent.
Le cri aigu qui perça l'air, exprimant une terreur pure et instinctive, me fit sursauter. Et un rire affreux lui succéda, machinal et odieusement répétitif, avec quelque chose de plaintif qui hérissait tous les poils de mon corps.

Je criais.
"Keramon ! Arrête ! Ne lui fais pas de mal, ce n'est pas un ennemi !"
Mon Digimon avait-il ressenti mon hostilité envers le jeune Chinois ? Etait-ce de ma faute ? J'avais souhaité un compagnon puissant, mais voilà que surgissait cette créature ô combien dangereuse et je réalisais que je ne savais absolument pas comment la contrôler...

Keramon continuait à rire, et les éclats de sa voix résonnaient si fort qu'il ne m'avait peut-être pas entendu. Je tremblais à présent, et la bouche s'étirait encore... Je fermai les yeux, plaquant mes mains contre mon visage, refusant de voir ce qui allait suivre. Est-ce que c'était de ma faute ? Est-ce qu'à cause de mes voeux secrets, de toute cette obscurité cachée en moi, le monde allait encore blesser ceux que je jalousais ?
L'horreur me fit enfoncer mes ongles dans la peau de mon visage et comme un dément, je me mis à courir à l'aveugle, dans la direction du monstre, déchiré entre ma peur et la révolte de la cruauté de son geste.
"Arrête ! ARRETE !"
Ma voix en mue se brisa et je tombais après avoir bousculé ses traînes flottantes, trébuchant lamentablement sur mes propres jambes. J'avais mis mes mains écorchées contre le sol pour arrêter ma chute, par réflexe, et plus rien n'empêchait mes yeux de voir l'énorme tête et son sourire béant se baisser lentement vers moi, se détournant un instant de la forme misérable pressée entre ses serres.
Des larmes roulèrent sur mes joues et je secouais la tête, essayant de recouvrer assez de contrôle de moi pour lui donner des ordres malgré mon air piteux.
"J-je suis ton humain... tu, tu dois m'obéir ! Ne le mange pas, d'accord ?"
Malgré la terreur qu'il m'inspirait, je levai une main tremblante pour la poser, dans une tentative d'apaisement, sur le côté de sa tête. Mon souffle s'échappait par brefs geysers de mon nez.
"C'est un ami... ami, tu comprends ? I-il ne faut pas le détruire..."
Un horrible doute commençait à me faire tourner la tête. Et si cette chose si dérangeante... S'il n'était pas...




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Zhuang Li
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Zhuang Li
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Dim 10 Fév - 17:50
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
La colonne de lumière s'éleva dans le ciel. Elle disparut comme le vol des oiseaux dans les nuages. Un bref flash que Zhuang suivit des yeux, les faisant briller de mille couleurs. Il en oublia presque la poigne de Keramon sur ses bras. D'ailleurs, celle-ci se relâcha et d'un mouvement d'épaules, l'enfant se dégagea. En un bond, il s'éloigna de la poupée de chiffon. Ses yeux bleus s'écarquillèrent un bref instant.

Isao, qu'est-ce que tu fais par terre ?

Le jeune homme était étendu sur le sol, le regard brillant de larmes et le teint pâle. Il avait posé une paume sur la tête de son Digimon. Légèrement, elle glissa et laissa une empreinte sanglante sur la peau couleur lilas. Zhuang ne la vit pas.
Keramon se tourna enfin vers son Tamer. Ses yeux ronds ne cillaient pas. Ils ne retranscrivaient aucune expression humaine. Puis, doucement, il se baissa à hauteur de l'humain aux traits efféminés. Ses mains griffues prirent son visage avec une douceur presque timide.

Mais, tu ne peux pas avoir plusieurs amis. Je suis là, moééé... Je ne te suffis pas uhman ?

Son ton était presque blessé. Ses dents cliquetaient sur ses gencives plates. Il semblait attendre une réponse de la part de son humain.
Cette scène qui se déroulait devant Zhuang le mettait mal à l'aise. Il ne comprenait pas ce qui se passait. La situation était si étrange. Alien comme si un élément échappait au petit garçon qui serra les dents. Il n'aimait pas être mis de côté ! Ses poings se serrèrent autour de son Digitama.

Je ne suis pas ton ami !
hurla t-il.

Le cri était impulsif mais c'était vrai, il n'aimait pas Isao ! Il ne le connaissait que depuis moins de dix minutes et déjà, l'adolescent l'insupportait. Son physique, sa mentalité, même ses mots ! C'était ridicule de mentir et il ne savait pas d'où l'autre tirait cette conclusion. Keramon parut approuver car il hocha la tête. Il ressemblait à une version glauque d'un jouet cassé dont le chef se balançait de haut en bas et de droite à gauche.

Tu voé, tu voé, lui aussi est d'accord. Il ne peut pas, il ne veut pas être ton ami. Mais, ne pleure pas, je suis làààà.

Il relâcha les joues d'Isao et le repoussa légèrement pour qu'il tombe sur les fesses. Le geste n'était pas violent mais définitif. Il signifiait à l'humain qu'il devait rester tranquille. Zhuang les dévisageait sans savoir quoi penser. Le jeune garçon paraissait tétanisé de peur tant son souffle était court. Sa nervosité commençait à atteindre le plus petit. Puis, Keramon soupira tout bas :

Nous pourrons être pour toujours ensemble quand je les aurais effacé...

Le dernier mot fit couler des gouttes de sueur dans le cou de l'enfant. Il ne connaissait pas sa signification mais cela ne présageait rien de bon. Sur ces paroles, l'étrange Digimon fit volte-face.
Les orbes azures rencontrèrent les globes ronds et noirs.
Ce fut comme un courant électrique qui traversa l'entièreté du corps de Zhuang. Presque au ralenti, il comprit. La réalisation du danger conduit au réflexe suivant : avant que le monstre ne pose ses griffes sur le Digitama, le poing de l'enfant s'enfonça dans sa joue.

Ne touche pas à Wulong !

Zhuang n'avait jamais frappé quelqu'un. Tout simplement parce qu'il ne s'avait pas comment faire et il n'en avait jamais eu l'occasion. Donner des coups derrière un écran était beaucoup plus différent que de le faire dans la réalité. La preuve, une douleur vive éclata entre ses phalanges. Grimaçant, il se tint la main et l'espace d'un instant, il lâcha un juron.  

C'est alors que quelque chose s'agita entre ses bras. Étonné, il fixa l’œuf qui s'était mis à vibrer. Une expression de joie intense apparut sur son visage rond. Son Digitama était en train d'éclore ! La coquille s'illumina si violemment que Zhuang dû fermer les yeux. Quand il put les rouvrir, une sorte de souris mécanique était au creux de ses bras. Un petit couinement retentit. Ce n'était pas un dragon mais, Wulong n'était qu'un bébé. Le petit garçon l'attendait depuis si longtemps qu'il ne put qu'admirer son nouveau ami. Il grandira plus tard !

Trop cool !
répondit-il.

Il fusilla du regard Keramon caché derrière ses doigts même si la lueur avait disparu. Un sourire triomphant tranchait le visage de Zhuang jusqu'aux oreilles. Maintenant, c'était son tour de rire ! Il pointa un index sur la poupée de chiffon.

Tu ne nous fais pas peur ! Méchant Digimon !

Wulong approuva d'un cri bien senti avant de descendre des mains de son Tamer et de tourner en rond à une vitesse hallucinante pour sa taille. Keramon tenta de l'attraper mais malgré toutes ses tentatives, la souris était beaucoup trop rapide. Toutefois ce qui le fit véritablement perdre pied fut la boule noir qui jaillit d'un buisson et qui se précipita sur Isao.
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Isao Hanamura
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Isao Hanamura
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Mar 19 Fév - 0:35

 
500 mots
JOUR 4
Botamon
DANS LA ROSEE, JE TE CHERCHAIS ; DANS MES REVES, JE T'ATTENDAIS

Le garçon ne s'était pas aperçu du danger qu'il courait ; et à présent terrifié je faisais face à ces yeux de poupée de chiffon, leurs pupilles dilatées formant une large sphère noire dans l'amande d'un vert de vase.
Tu ne peux pas avoir plusieurs amis, me dit la créature. Mon visage se vida de toute expression, comme j'enregistrais les sens possibles de sa remarque.
Je me demandais ce que j'avais fait pour mériter un Digimon fou, jaloux et possessif. Car je ne pouvais manquer de discerner une menace dans cette remarque. Surtout lorsqu'elle suivait une tentative de meurtre de la personne incarnée dans ce gamin qui se tournait vers moi, inconscient.

Il fallait que je réponde, ou Keramon allait prendre une mesure, effacer le Chinois de l'existence, à moins qu'il ne désintègre son supposé ami pour n'avoir su réagir suffisamment vite. A cet instant, l'incrédulité grandissait en moi : si c'était mon Digimon, c'était un scénario plus horrifique encore, car devoir survivre aux côtés d'un être imprévisible, qui souhaitait de toute évidence me contrôler, et dépendre de sa puissance pour ne pas mourir, c'était la perspective d'une existence misérable qui me mènerait à la démence. Je ne voulais pas valser dans la danse macabre de cet épouvantail.

"Bien sûr que tu me suffis, si tu es mon Digimon, tu es comme une âme-soeur, on est liés. Lui c'est juste un ami humain, c'est pas pareil, pas du tout au même niveau ! J'ai des amis, mais toi tu es mon meilleur ami !"

Mon sourire se crispait désagréablement sur mes lèvres comme j'utilisais toute ma capacité de persuasion à insuffler dans ma voix des accents de vérité.
Vérité qui fut aussitôt éraflée par une incongrue protestation du petit asiatique, qui s'écria que je n'étais pas son ami sur un ton révolté.

Malgré moi je tournai les yeux vers lui, peut-être que son intervention m'avantageait mais je ne pouvais m'empêcher de grincer des dents devant le manque de reconnaissance de cette petite fouine, il n'avait donc pas conscience que je venais de risquer ma vie pour lui ? Certes, présenter le sale gosse comme un allié était un simple argument qui m'était venu pour manipuler le Digimon : à ce moment je croyais qu'il cesserait les hostilités si je présentais l'autre comme faisant partie du même camp, et j'avais employé ce vocabulaire enfantin pour bien me faire comprendre.
Moi, avoir des amis ? L'idée était risible, en fait. J'avais bien une certaine amie, mais nous nous étions disputés, et j'en étais sans doute responsable, ne faisant rien, comme à mon habitude, pour arranger les choses. J'avais conclu que j'étais mieux loin de tous, dans mon monde.
Je n'avais dit cela que par opportunisme, dans le feu de l'action, la panique. Parce que je ne voulais pas voir cette jeune vie s'éteindre sous mes yeux. Je ne le pensais pas, je ne le connaissais pas, après tout.

Alors, pourquoi, sa remarque m'avait-elle tant blessé ? Peut-être était-ce en fait un souhait inconscient, qui avait brûlé mes lèvres avant que je puisse le retenir. Peut-être que je cherchais un lien avec quelqu'un, n'importe qui, et que cela aurait pu être lui. Car il était aussi fragile que moi en ce monde incertain, dans cet univers flottant, nous n'étions qu'humains, nous n'étions qu'enfants. Malgré moi j'avais commis ce crime, l'erreur impardonnable. Utilisé ce mot comme un pauvre imbécile naïf, un mot qu'il était temps de bannir de mon vocabulaire, à jamais.
J'allais peut-être mourir. Ou il serait le premier. Pourquoi fallait-il donc qu'il choisisse ce moment pour hurler sa haine ; cette vérité pauvre et cruelle ? On était seuls, sans liens, et tout allait s'écrouler. Qu'il tombe, ce monde, et que je tombe avec lui. Comme était tombée la passerelle, les filins de métal se déchirant, claquant les uns après les autres, emportant des morceaux de corps. Ça n'aurait pas dû arriver, mais l'impossible n'était qu'un mot dans un monde en déliquescence. Et comme la structure vacillait, craquait, grinçait, que l'horizon se mettait soudain à pencher, j'avais compris que c'était mon tour. J'allais être emporté. J'allais rejoindre Connor, j'allais rejoindre ma sœur. Un sourire comme le ciel rejoignait la mer. L'eau se refermait sur moi et je voyais les corps couler tout autour, aspirés par les profondeurs, entraînés par la masse du pont brisé qui coulait, coulait... il faisait sombre. Je me débattais de toutes mes forces pour regagner la surface, mais mes forces étaient insignifiantes. Et puis mes mains se relâchaient. A quoi bon ? A quoi bon...

"Non ? Non... Bien sûr que non, où avais-je la tête ? Pourquoi je m'évertuerais à protéger un petit parasite comme toi ? Dire que j'ai voulu t'aider ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Tu n'es pas mon ami. Je n'ai pas d'ami. J'ai lui... Oui, lui, il me va bien, lui, il est parfait pour moi... !"

Un rire éraillé me secouait à présent, qui chassait les larmes de mes yeux, ponctuant le sol depuis mon menton.
Le Digimon insista, semblant percevoir mon instabilité mentale et ma faiblesse. Il profita de cette dernière pour me repousser et je m'écroulais en arrière, tombant pitoyablement. Malgré son air éthéré, il avait plus de force qu'il n'y paraissait. Je croyais ma dernière heure arrivée, et je tremblais violemment. J'en avais assez, juste assez, de ces malheurs qui s’enchaînaient. Si c'était ça le cadeau d'Eru, il était aussi pervers et monstrueux que le reste des promesses mensongères qu'on m'avait fait. Les adultes te protègeront. Tu peux faire confiance. Si tu travailles, tu y arriveras. Le monde est ordonné et agencé et les choses ont du sens. Nous sommes égaux. Chacun a sa chance. Les efforts sont récompensés.

Et les mots glissèrent de la bouche trop grande et je n'avais plus d'énergie, de volonté. A quoi bon mentir à son tour ? Prétendre que j'en avais quelque chose à foutre ? Je laissais tomber ma tête de côté, pivoter mes yeux, sur l'enfant, le condamné, sur la proie désignée. A quoi bon résister ? J'étais faible, seul, et jamais je ne saurais me lier à un être si différent.
S'il disparaissait, cela ferait moins mal.
A quoi bon essayer ? Personne ne voulait d'un ami comme moi. Il était comme tous les autres. C'était moi le problème.
"Je ne veux pas être avec toi. Tu me dégoûtes. Tu peux retourner vers Eru ou tu peux m'effacer. Tu n'as qu'à te trouver un autre humain. Moi, je ne veux pas d'ami. Je n'ai besoin de personne. Laissez-moi tranquille. Laissez-moi juste tranquille."
Je me recroquevillai sur moi-même, cachant ma tête au creux de mes bras, écrasant mes oreilles et mes yeux de mes membres.

J'étais dans cet état de prostration quand éclot l'oeuf de Wulong et je loupais ainsi cet instant miraculeux. Peut-être cette vision aurait-elle pu remettre de l'espoir dans mon coeur qui palpitait encore, tout près d'être soufflé par les ténèbres amassées. Les cris de Zhuang n'étaient qu'un bruit trop aigu dans mes oreilles.

Mais alors, quelque chose d'autre se produisit. Une masse duveteuse, balle souple et vivante, se faufila sous mes bras clos, se précipita, tiède, contre mon cœur.
Pressé là, comme s'il avait pu rentrer dans ma chair, réchauffer cette poitrine vide. Mes mains le saisirent, l'enserrèrent, à tâtons, et j'ouvrais enfin mes yeux, pour rencontrer l'or de deux grandes pupilles, amandes de beurre fondu, fixant sur moi toutes leurs irridescences.
"Qu'est-ce qu..."

Mais je savais déjà. Il était noir, comme moi, une spore couleur pétrole, sur laquelle apparut l'ouverture d'une bouche minuscule, qui, soudain, me crachait à la gueule un filet de petites bulles, pétillant contre mes joues pleines de larmes comme pour les laver de tout ce sel.
"Mais qu'est-ce que tu...?!" repris-je, agacé, à bouts de nerfs.

Devant moi, le Choromon zig-zaguait entre les tentacules avides du Digimon qui, à présent, apparaissait comme un intrus qui nous avait trompé. Quelque chose avait cliqué en moi, et un coup d'oeil à mon Digivice me le confirma. C'était mon compagnon. Il m'avait retrouvé. Et l'autre horreur, là, ce n'était qu'un leurre.

Un rayon désintégra une pierre de la rive ; malgré son agilité, la petite souris n'allait pas pouvoir résister longtemps sans se fatiguer. L'enfant encourageait sa bestiole, sans sembler voir dans ce duel quelque chose de plus dangereux qu'un duel de Pokemon.
C'était un signe, sans doute. Il avait surgi, comme ça, au milieu du renoncement. Je ne pouvais pas abandonner. Peut-être y avait-il des dieux quelque part.

Je me levai, et mit ce que j'avais de force dans ma voix.
"Keramon, voici mon Digimon."
J'offrais mes mains en coupe, le Botamon au milieu.
La tête de poupée grotesque pivota vers nous. Le sourire vacilla, puis s'inversa soudainement. Et quand elle s'ouvrit sur la lumière, j'eus à peine le temps de sauter hors d'atteinte.
Quelques cheveux se vaporisèrent.

"Ecoute-moi, je t'en supplie ! Je sais que ça fait mal, d'être tout seul ! Tu veux juste un ami, pas vrai ? Etre spécial..."
Je reculais, et Botamon se glissa dans ma chemise comme s'il avait peur, peur que nous soyons séparés, comme s'il avait besoin du contact de ma peau.
"Mais mentir, ça ne sert à rien... Tu n'auras pas un vrai lien, tu feras juste semblant... rien ne remplira le vide."

Je ne savais pas si mon discours aurait le moindre effet. Sinon, on risquait de ne pas faire long feu.



_ _ _ _ _
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annoying teenager??¿¿
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Zhuang Li
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Zhuang Li
Symbole de l'Espoir
Jeu 7 Mar - 0:07
Dans la rosée, je te cherchais
Dans mes rêves, je t'attendais
Vas-y Wulong ! Tu es le meilleur !
scandait Zhuang.
Son poing était brandit vers le soleil tandis qu'il encourageait son Choromon avec toute son énergie enfantine. La souris venait à peine de sortir de sa coquille mais déjà, il semblait rempli d'énergie ! Au creux de son œuf, il avait l'avait entendu : l'appel de son Digitamer.
L'enfant était prêt à l’accueillir depuis l'instant où il avait pris sa défense. Cette pensée fit gazouiller de joie le bébé Digimon.

Il zigzaguait entre les herbes pour échapper aux doigts crochus de Keramon. Ses mécaniques tournaient à toute allure et une boule de lumière brillait au bout de sa queue. Son intensité était aussi claire que la voix de Zhuang. Le Digimon Enfant la suivait à la manière d'un chat pourchassant une laser. Il avait cessé de balancer des rayons destructeurs à qui-mieux-mieux quand Wulong avait débuté leur course. Viser une cible mouvante était difficile !
Heureusement, Keramon n'était pas très vif en plus de manquer d'intelligence. Il se contentait de voler derrière le Choromon en cherchant à l'attraper. Il ne semblait aucunement se rendre compte qu'ils tournaient en rond.

La scène paraissait tout droit sortie d'un dessin animé comique.

Puis, soudain, Isao interrompit les trois petits.
Sa déclaration fut accueillie par un jet de lumière. L'adolescent l'évita, perdant au passage quelques cheveux bruns. Ils s'envolèrent et disparurent dans l'air ambiant. Aussitôt, il tenta de désamorcer la bombe qu'était Keramon.

Zhuang était figé. Il baissa ses mains, l'une levée et l'autre en porte-voix. Une expression déçue était apparente sur son visage. Il aurait voulu que l'action poursuive son court. Il était certain que Wulong aurait gagné. Celui-ci lui sauta dessus et l'enfant l'intercepta au creux de ses bras.

La nouvelle de l'adolescent le laissa dubitatif. Il eut une petite moue comme s'il tentait de jauger le bébé Digimon que leur montrait Isao. Il sortit son Digivice et l'appareil émit son petit bruit caractéristique.

Bo... tamon.
lut Zhuang à voix basse.

Apparemment, il s'agissait d'un bébé Digimon. Il était donc du même niveau que Wulong. S'il s'agissait vraiment du compagnon du japonais, cela signifiait que l'autre poupée de chiffon était un imposteur !

Ses yeux bleus se tournèrent vers Keramon.
Ce dernier était comme pétrifié. Ses mains étaient toujours suspendue dans le vide à la recherche d'une proie qui avait disparu et seule sa tête avait pivoté sur le côté quand l'humain avait pris la parole. Un vrai arrêt sur image ! Sa gueule était légèrement ouverte. Avec ses yeux ronds et vides, la créature ressemblait à un poisson mort. La comparaison fit pouffer Zhuang.  Il s'attendait à ce que Keramon dise quelque chose mais il ne faisait que fixer le nouveau arrivant.
Enfin, il eut comme un déclic. Son corps se remit en mouvement et une longue plainte jaillit de son gosier.

Tricheuuuuuurs !
hurla t-il en se prenant le visage entre ses doigts.
Vous n'êtes que des tricheurs ! Il était à moi, c'était mon mien !

Son corps était parcouru de tremblements et on aurait pu croire qu'il allait générer une nouvelle attaque. Avec une expression dénuée d'émotion, Zhuang soupira. Il attrapa un bâton coincé dans un arbuste, le retira d'un coup sec et l'abattit sur la tête de la poupée vivante :

Oï ! Tu es sourd ou quoi ?

Il lui redonna un coup.

On ne veut pas de toi ici. Retourne d'où tu viens.

Et encore un.

C'est pas comme ça que tu te feras des copains.

Cette fois, le Digimon réagit... mais d'une façon très étrange. Son corps se replia sur lui-même et il faisait d'étranges bruits. Il fallut quelques secondes à Zhuang pour comprendre que le monstre pleurait. Des brides de phrases confuses pouvaient être entendues mais elles étaient tant noyées par les larmes Keramon qu'il n'était pas facile de les comprendre.

Mimi, où es-tu ? J'ai mal. Reviens.

Le petit garçon fronça les sourcils. Il se rapprocha pour en entendre davantage quand, subitement, Keramon se redressa. Ses grands yeux clignèrent. Il passa un long regard autour de lui comme s'il contemplait pour la première fois les berges. Ses bouts de tissus caressèrent les doigts de Zhuang et la hanche d'Isao quand il passa entre eux.

Excusez moi, je cherche mon hooman.
expliqua t-il pour justifier son dérangement.

Sa silhouette survola l'eau claire et il passa de l'autre côté.
Il disparut dans l'aura confortable de la forêt sans un regard en arrière et sa présence ne fut déjà plus qu’un lointain souvenir.

Un silence étrange retomba alors sur le reste du groupe. Ceux capables de s’exprimer étaient encore sous le choc de l’étrange comportement du Digimon. Seul le vent sur l’onde se faisait entendre. Il fallut une minute entière pour que, sans même s’en rendre compte, Zhuang relâche un souffle qu’il retenait au fond de sa gorge. Son soupir se changea rapidement en gloussements de rire étrangement nerveux.

Quel weirdo quand même !


Ses mains étaient refermées autour de son Choromon. Il le caressant doucement, protégeant ses yeux de la lumière du soleil. Son bâton était coincé sous son aisselle. L’attention du petit garçon était toujours dirigé vers l’autre berge. Un dernier ricanement aigu et son corps se relâcha.
Un autre silence était probablement en train de s’installer quand Zhuang le coupa à la racine :

Tu es sûr que c’est bien le bon cette fois ?
Murmura t-il à Isao.
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