Une nouvelle force de la nature. [Tuto - Samaël K. Naatsoe]

ourd, t’es muscles te pèsent, t’enfoncent dans le sol meuble. Brume crânienne, la douleur pectorale te demande si tu es toujours en vie. Sifflement dans tes oreilles, surdité ou plaintes. Ignorance. Tes yeux s’ouvrent, doucement, difficilement. Lumière aveugle qui brûle ta rétine. Tu les refermes pour mieux recommencer. Et tu te redresses, sans un mot. Le silence, la survie. Tu t’appuies sur tes bras, tu pousses sur tes tendons. Tu as mal comme le résultat d’une chute incontrôlée. Tu te redresses et portes ton regard sur le nouveau monde.

Regard terne peint sur une toile d’apathie. Pourtant, la surprise parcourt ton esprit. Tu ne connais pas ces lieux. Où es-tu ? Tu te le demandes. Tu connais pourtant très bien les forêts tropicales de la Birmanie. De ses plafonds végétaux à ses mangroves humides. Tu as appris à t’y déplacer pour survivre. Tu sais donc très bien quels arbres s’y trouvent. Et la flore qui s’étend devant toi, t’es inconnu. Tu le sais, tu n’es pas chez toi ou dans un endroit différent. Tes yeux parcourent autour de toi, en alerte. Tu ne sais pas comment tu es arrivé là, mais tu sais une chose : tu n’es pas en sécurité. Avant de réfléchir plus profondément, tu tapotes ton corps, tu n’as plus ton arme à feu et ton regard alertes ne la trouve pas. Mais tu as toujours ton couteau et surtout ta peluche, que tu gardes en mission dans la poche intérieure de ta bien trop grande veste.

Tu regardes le danger de loin, mais pas de prêt. Alors tu sursautes légèrement quand ton bras heurte la surface lisse et chaude d’un objet. Serrant ton arme dans ta main, tu te retournes vivement. Position d’attaque, tu fixes la sphère marronne qui se trouve face à toi. Ton cœur se calme aussi vite et tu tends ta main pour le toucher. C’est chaud. C’est un œuf. Tu n’en as jamais vu de tel, aussi étrange que cette forêt. Celui d’un animal sans doute. Sans culture, impossible de savoir que cet œuf n’est pas normal. Alors pour toi, il l’est et tu le glisses sous ta veste pour le protéger, prêt à te relever pour te mettre en sécurité. Mais tes yeux tombent sur un petit objet.

Tu n’as jamais vu ça. La technologie, tu n’as jamais vraiment pu t’en approcher. À part des systèmes de communication. Tu le ramasses pour le regarder de plus près, il s’active, affiche des symboles que tu ne sais lire et un flash lumineux t’aveugles et tu le jettes plus loin. Yeux encore douloureux du réveil, tu grognes. Tu vas le ramasser et le mets dans ta poche. Puis tu te réfugies dans des fougères, à plat ventre pour te cacher, observer ce nouveau lieu, en toute sécurité.

Modération:

u ne connais pas cet endroit. Tu n’arrives pas à te repérer. C’est bien plus dense que dans ta forêt. Tu es fatigué. Tu as du mal à te concentrer. Tu ne vois rien en dehors que des arbres et de la verdure. Tu te fis donc à tes oreilles, mais seul le vent entre les feuillages siffle à tes tympans. Tu te déplaces, l'œuf entre tes bras. Il faut que tu trouves un endroit plus dégagé, un chemin, une rivière. Quelque chose pour mieux te repérer. Tu ne sais pas vraiment l’heure qu’il est, mais le plafond de la forêt ne te permet pas de te repérer grâce au ciel. Soudain un cri.

Tu te figes, te collant immédiatement contre un arbre. Tu repères rapidement la provenance du cri. Il était aigu, un enfant ? Sans doute. Tu en as entendu souvent ce genre de cri, surtout sur le terrain. Un cri de surprise et de peur. Un cri d’appel à l’aide. N’importe qui serait allé vers la source de ce bruit, plus par curiosité que par altruisme. Mais toi, tu n’es pas n’importe qui. Tu es Samaël, tu es méfiant comme la peste, aussi individualiste que le démon. Tu as appris à survivre en ne pensant pas aux autres. Tu n’aimes pas les humains. On t’a élevé pour les tuer. Pas les sauver. On t’a appris à les détester. Alors évidemment, la seule chose que tu fis à l’entente de ce cri qui te semblait humain, c’est de partir dans l’autre sens.

Modération:

l faut mettre les choses au clair : tu ne détestes pas l’humanité tout entière. Mais si tu es toujours en vie aujourd’hui, c’est uniquement parce que tu n’as jamais joué les héros et que tu considères que tout le monde doit mourir de quelque chose un jour ou l’autre. Alors si on ne te demande pas d’aller sauver quelqu’un qui hurle, tu n’y vas pas. Tu n’as d’ailleurs jamais compris ces troupeaux qui se ruent vers un accident pour aller voir, ne se rendant pas compte du danger vers lequel ils vont. L’homme a perdu son instinct de survie alors que toi, tu l’as gardé. Après, il est vrai que l’espèce humaine est mue d’une hypocrisie et un sadisme qui a fait naître en toi une certaine hostilité à leur égard. Alors tu les évites. Du moins, tu essayes.

Tu es prudent et alerte, pourtant, tu ne vis pas venir ce qui te tomba dessus. Juste à côté de toi, tel un obus, une masse fracassa le sol. Pas bien lourd et plutôt frêle, son onde t’envoya quelques mètres plus loin et tu sentis la douleur du choc te parcourir le corps. Tu n’étais pas fait pour encaisser, trop fragile. C’était pour cela que tu étais un soldat sniper, un coup de poing et tu te relevais rarement.
Une fois que tu retrouves tes membres engourdit, tu te mets en position de défense, l’œuf entre tes jambes, tes yeux se relevant vers le point d’impact. Un humain s’y trouvait – du moins, c’est ce que tu penses – recouvert d’une armure ignifuge, enflammée. Tu le regardes interloquer par sa passivité alors qu’il est en train de brûler. Il ne semble pourtant pas en souffrir. L’objet électronique se met soudainement à biper : une image apparaît sur le moniteur, mais tu ne comprends pas ce que c’est. La voix du soldat attire ton regard à lui.
─ Oopsie ! Je crois qu'aurais dû faire attention à où j'atterris. Hem ! Salut ! J'ai déjà vu des espèces de ton genre, mais j'ai jamais cru qu'ils fuiraient lorsqu'un petit digimon est en danger.
Espèce ? Digimon ? Tu ne comprends pas ce qu’il raconte, mais ton regard ne le lâche pas, alerté par chacun de ses mouvements. Il n’a pas l’air agressif dans sa manière d’être au contraire, mais tu es maladivement méfiant.
─ Amure. Costume ?
De nos jours, les plaques de métal que porter « l’homme » était très atypique. On aurait dit une vieille armure traditionnelle asiatique.
─ Danger ? Quel danger ? Sam est pas en danger. Sauf si toi l’être.
Tu jettes un regard vers la source des cris.
─ Aller là-bas. Danger. Oui. Donc si Sam y va pas. Pas danger.
Et comme à ton habitude, tu changes de sujet sans y faire attention.
─ C’est quoi. Digimon ?

Modération:

u ne comprends pas tout, mais tu ne cherches pas à comprendre plus. Ta culture est bien trop limitée pour savoir qu’une telle créature n’existe pas sur Terre. Ça peut avoir du bon d’être analphabète, tu te prends moins la tête. Tout ce que tu notais, c’était qu’il savait parler ta langue et savait se battre. Tu apprends aussi qu’il est du genre philanthrope. Tu ne connais pas ce mot, mais tu en as un autre : suicidaire.

Les cris se taisent et « l’homme » se met en alerte. Une étrange créature sort soudainement d’entre les arbres. Non en fait, c’est un arbre, mue de mouvement. Tu as un réflexe de recul, l’arbre vivant te semblant plus anormal qu’un humanoïde en armure. Tu remarquas après coup, lorsque le grand haussa le ton et parla de son fils, le garçon qui se trouvait dans les bras du tronc d’arbre.
Tu aurais aimé que ce mec ne tombe pas sur toi, te voilà pris dans le feu d’un combat. Mais écorceman ne semble pas t’avoir remarqué, trop occupé à esquiver et encaisser les coups-de-poing enflammés de l’autre. À tes yeux, il ne fallait pas bac +5 pour comprendre qui aurait le dessus entre le feu et le bois. Tu les laissas donc se démerder, ne voulant pas trop te frotter au danger.

Au lieu de ça, discrètement, tu te rapprochas du gamin pour voir comme il allait. Les adultes, t’en a rien à foutre, mais les gamins comme toi, tu avais un léger état d’âme pour eux. De près, il avait plus l’air d’un petit singe. C’était pire, tu détestais qu’on s’en prenne aux animaux. Tu le tiras donc pour tenter de le mettre en sécurité, posant ton œuf à côté de lui.

C’est en portant ton regard sur le combat que tu vis l’attaque. Si tu bouges, c’est le petit singe qui prend, si tu ne bouges pas, c’est toi. Pieds encrés au sol, arme en main, tu protèges ton visage comme tu peux et encaisses. Sérieux, tu aurais préféré qu’il ne tombe jamais sur toi.

Modération:

videmment que tu ne pouvais pas encaisser le choc. Tu le sais. Tu es trop frêle pour être sur le premier front. Tu as toujours été une ombre, agissant comme tel et se retrouvant à mal sous les feux des projecteurs. Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ? Tu l’ignores. Tu n’aimes pas qu’on fasse du mal aux animaux. Sans doute. Alors tu subis, tant bien que mal, le choc. Tu ne t’attendais pourtant pas à ça. Épaule, bras et cuisse, transpercés par les lianes noueuses de la créature. La douleur était telle des balles et tu ne pus t’empêcher de hurler. Tu t’es déjà pris des balles, on ne s’habitue jamais à cette douleur. Il n’y a que dans les films où serrer les dents suffi.
Le sol se fait dur lorsqu’il te relâche. Tes membres sont meurtris par les séquelles et ton corps engourdi comme si on avait aspiré toute ton énergie. Mais tu n’as pas le temps de te reposer. Ton cœur bat à tout rompre, et ta respiration s’accélère. Ce n’était pas de la peur, où peut-être que si, mais tu ne vois pas ça ainsi. Non, c’était plus une volonté de vivre, l’adrénaline qui s’enclenche quand tu es en danger. Tu lèves les yeux vers l’arbre, ton cerveau réfléchi à cent pourcent pour trouver la meilleure stratégie à prendre. Il était évident que tu ne pouvais pas fuir, ce monstre est trop rapide et possède une allonge inéquitable. Alors tu fonces, espérant le surprendre pour mieux fuir après.
Dans un cri, tu cours vers lui dans un cri de rage et prenant ton élan, tu plantes ton couteau en visant une fissure entre deux blocs d’écorce. Mais tu as du mal à maîtriser tes bras et tu plantes en plein dans la partir dure de son épiderme. La lame ricoche et seule une éraflure persiste de ton passage.
─ C'est tout ? Tu es trop faible avec ce simple outil ?! Ha ! Drain Buster !
Tu te maudis. Tes yeux se ferment, t’attendant à te prendre un autre coup, à bout portant cette fois. Mais le soldat de feu attaque au bon moment et tu re tombes sous le sol, non sans mal.
L’arbre vivant semble avoir mal pris le coup et commence à s’enflammer. Paniqué, il disparaît entre ses confrères, vous laissant enfin tranquille. Le guerrier te dit quelque chose avant d’aller rejoindre le petit singe, tu comprends le mot rivière, mais ton esprit devient flou. L’adrénaline retombe et toute la souffrance et la fatigue qu’elle dissimulait refait soudainement surface. Gémissant, tu te déplaces difficilement jusqu’à ton œuf. Tu t’effondres à genoux, gardant l’œuf entre tes jambes. Tu ne le remarques pas, mais l’œuf est fissuré.

Modération: