Dans les ruines [Asgeir]

Le petit groupe s’était séparé pour continuer chacun leur route. Asgeir voulait aller aux ruines pour rencontrer cette Eru, déesse de ce monde. Il avait des questions sans réponses que n’avait pu lui offrir ni Aiden, ni Lucy et ces derniers n’avaient pas très envie de refaire le chemin pour aller la voir. Le norvégien comprit rapidement pourquoi il n’était pas facile, d’accès, en plein centre de la forêt. Les arbres se faisaient de plus en plus nombreux, de plus en plus gros, resserrant le faible espace entre eux.
Je me demande si je n’irai pas plus vite en escaladant et en sautant de branche en branche. Ouai non, je risque de faire tomber l’œuf ou pire, me péter ma dernière jambe. Il manquerait plus que ça.
En plus, il paraîtrait qu’un immense labyrinthe agencé l’immense édifice où se trouvait cette déesse. Une déesse, Asgeir ne pensait pas en rencontrer une, un jour. C’était un concept abstrait, spirituel, les dieux sont intouchables aux yeux d’un humain, à condition qu’il y croit. Et là, il y en avait une qui attendait dans les ruines, soi-disant affaiblit. Peut-on parler de dieu ? Ne sont-ils pas omniscients, intouchables et parfaits ? À moins que pour le digimonde, un dieu n’est qu’une créature puissante qui dirige leur monde. Une sorte d'impératrice, de gardienne bienveillante. C’était difficile à comprendre, à visualiser pour un simple humain tel qu’Asgeir.

Il arriva devant les ruines, qui malgré la journée, n’était pas si accueillante que ça. Asgeir serra l’œuf entre ses bras et rentra. Il faisait plutôt sombre et bien qu’il ne soit pas peureux, il aurait aimé ne pas être seul. La chaleur de l’œuf était tout de même rassurante, du moins, il essayait de s’en convaincre.
Un labyrinthe dans des ruines abandonnées, sérieusement il y a mieux comme accueil. Enfin bon, si je veux avoir les informations pour sortir de ce monde, je n'ai pas trop le choix.
Il avança dans les dédales. Le sol de pierre, plus dur que la terre de la forêt, faisait cliqueter la prothèse du brun. Le son se répercutait contre les murs avant de se perdre dans les couloirs dans un écho dégressif. C’était assez oppressant, surtout si on y rajoutait le bruit de la canne. S’il n’était pas la source du bruit, Asgeir aurait un peu flippé en entendant ce drôle de bruit semblable à une machine saccadée et boiteuse.
─ Y'a quelqu'un ?...
Il s’arrêta net en entendant une voix féminine. Il y avait quelqu’un d’autre. Cherchant la source du bruit, il pressa le pas pour aller à sa rencontre. Un peu trop vite d’ailleurs, car il lui tomba littéralement dessus, manquant de la percuter. Mais la surprise fut là et la réaction aussi.
─ AAAAAAAAAAH ! PUTAIN !
Le cri de panique partit tout seul sous la surprise de la rencontre. En même temps, il savait qu’il y avait quelqu’un, ou quelque chose. Mais cet endroit est tellement oppressant que le stress n’aide pas à avoir les bonnes réactions.
─ H..ha… P-pardon… Je ne pensais pas que tu étais si proche. C’est toi qui as appelé ? Je me suis perdu aussi, ah ah ! Moi c’est Asgeir, enchanté
Une humaine, ça me rassure. Par contre, il appelle principalement des gamins dans ce monde ?

Asgeir peut avoir du mal, parfois, de tenir sur sa patte, surtout après voir marché pendant longtemps. Alors forcément, quand la jeune fille déboula devant lui, il ne réussit pas à l’esquiver et rentra dedans de plein fouet. Heureusement, pas assez pour la faire tomber, il n’allait pas très vite non plus. Elle gueula suite au choc, débitant des grossièretés à faire palir une religieuse et Asgeir se frotta la nuque d’un air désolé.
Heureusement que je ne lui ai rien cassé, qu’est-ce que j’aurai pris comme insulte sinon.
Ils se dévisagèrent quelques instants. Elle doit faire deux trois centimètres de moins que lui, fluette aux cheveux châtains et aux yeux d’un bleu assez particulier, tirant un peu sur le turquoise. Bref, facile à repérer, surtout avec les lunettes d’aviateur qu’elle a sur la tête. Une lubie de gamine sans doute, car elle semble trop jeune pour être dans l’aviation.

Elle se présente sous le nom d’Anna Springfield, un nom anglais très répandu en Amérique, surtout pour les villes, mais elle a un accent québécois.
Comme je comprends tout ce qu’elle dit comme si elle parlait ma langue, je ne sais pas si elle parle habituellement anglais ou français. Enfin, au moins on se comprend.
Son digimon semble plus timide que ceux qu’Asgeir avait rencontré, se prénommant Zerumon. Il assimile, à force, que toutes ces créatures ont un nom se terminant par -mon.
─ Oui, on m’a parlé d’elle et je voulais la voir. Bah tant qu’à faire ouai, autant chercher ensemble, car c’est un vrai mendié ici pour se retrouver.
Eru, elle veut de l’aide, mais ne se laisse pas facilement approcher, c’était un peu contradictoire.

Ils commencèrent à marcher vers un but un peu incertain quand la jeune fille demande combien de temps Asgeir est dans ce monde. Il resserra un peu son œuf entre ses bras pour assurer son maintien, réfléchissant un peu. Vu les péripéties qu’il a vécues depuis le temps passe vite.
─ Moi ça doit faire trois jours, si je ne me trompe pas.
Repensant à ce qu’elle avait dit sur son temps ici et en fixant son digimon, il regarda son digitama quelques secondes avant de soupirer.
─ Et je crois qu’on m’a refilé un lève-tard… je n’arrête pas de le couver et d’y faire attention et il n’a toujours pas éclot. Il doit y avoir une condition, mais je ne sais pas laquelle.