Harder, Better, Faster, Stronger

Plat, plate
Adjectif (latin populaire *plattus, du grec platus, large)
- Dont la surface est plane, unie ; horizontale.
- Qui n'est pas saillant, qui a peu de relief, qui est maigre.
- Qui a très peu de profondeur et dont le fond est plan.
- Qui est dépourvu de saveur, d'attrait, d'élévation, d'originalité.
- Qui est vil, lâchement soumis.

C’est ce qui définit Luna et c’est précisément ce qu’elle vous récitera lorsque vous lui direz que son caractère est « plat », bien qu’elle ne comprenne pas vraiment où vous voudrez en venir.

Sarah sait beaucoup de choses, comme le tableau périodique des éléments par cœur, les décimales du nombre pi, chaque définition du dictionnaire, les records du monde de 1986… Rien qu’en vous regardant, elle saura deviner beaucoup de choses vous concernant. Mais la jeune fille ne comprend que très peu, ce qui concerne les relations humaines, il faut dire qu’en dehors de sa famille adoptive, elle n’a jamais vraiment cherché à interagir avec ses semblables. Luna a passé la grande majorité de sa vie à se cacher et à se faire toute petite, faisant parfois comme si elle n’existait pas, se contentant simplement de vivre tristement.

La finalité dans tout cela, c’est qu’elle est devenue une adolescente aux portes de l’âge adulte, sans couleurs, transparente, complètement impassible sur ce qui l’entoure. Des sentiments ? Elle en a. Enfin surement, mais elle a tellement passé sa vie à les réprimer que c’est devenu quelque chose de naturelle, une sorte de réflexe, c’est pourquoi à présent elle peine à les comprendre.

Mais depuis son adoption, les émotions semblent revenir peu à peu, du moins en présence de ceux qu’elle aime. Luna semble redevenir de plus en plus humaine, mais qu’est-ce qui arriverait si du jour au lendemain elle se retrouve séparée de sa famille ?

Au fond d’elle, Luna l’a toujours su, qu’elle était différente de ses congénères. Que contrairement aux enfants qui arboraient un sourire joyeux sur leur visage tout en tenant la main de leur parent, qu’elle, n’était pas désirée. Le fait que son existence ne soit qu’une erreur, cela, ces géniteurs ont bien su lui faire comprendre.

Ainsi Luna grandit bercé par les cris et les fracas des bagarres récurrentes entre ses parents qui ne cessait de se rappeler à quels points ils regrettaient leurs choix, à quels points ils avaient plu être stupide. Mme et M. Hopkins, semblaient se détester, voire de se haïr mutuellement au fil du temps. Pourtant chacun faisait pression sur l’autre pour ne pas finir seul, mais surtout, ne pas finir seul avec le parasite qu’ils avaient engendré.

Luna ne communiquait pratiquement jamais avec ses parents à force d’échec cuisant, quant à l’école, elle n’interagissait pas vraiment avec ses camarades qui de toute façon n’osaient pas vraiment l’approcher, car ces géniteurs n’avaient guère bonne réputation dans le quartier.

Un soir, l’année de ses 14 ans, quelqu’un du voisinage -sans doute nouveau- se décida finalement à signaler le couple aux autorités londoniennes, qui intervinrent pour tapage nocturne et violence domestique. Constatant l’état des lieux, le couple fut placé en garde à vue et les services sociaux furent également contactés. Ce soir-là, Luna fut interrogée par un des policiers, afin qu’elle témoigne sur les traitements qu’elle subissait, mais la communication fut particulièrement difficile, jusqu’à ce que l’adolescente tienne finalement sa première longue conversation dans sa vie. Même si les réponses n’étaient composées que de quelques mots, c’était déjà un grand pas en avant.

Depuis ce jour, Luna n’entendit plus parler de ces géniteurs et alors que les services sociaux furent sur le point de la confier à une famille d’accueil, le policier qui avait recueilli sa déposition, intervint, la prenant sous son aile, pour des raisons que Luna ne comprit pas.

Son style de vie changea alors du tout au tout, l’adolescente intégrait une véritable famille, chose qui lui était inconnue. En compagnie d'Aaron et Lauren avec qui elle vivait désormais, elle éprouva de plus en plus de sentiments qu’elle peinait à réprimer, mais ceux-ci étaient bien différents de tout qu’elle avait pu ressentir jusque-là. Lorsqu’elle essayait d’y mettre les mots, elle hésita, de la joie ? Du bonheur ? Peut-être, bien qu’elle cachât ses expressions à autrui, elle se montra légèrement plus ouverte devant sa famille d’adoption, ces expressions étaient certes légères, presque indétectables, mais bien présente.